Il exhorte à faire preuve de sollicitude envers les musulmans mais finit par reculer devant ceux qui s’inquiétaient de voir le Centre culturel islamique de la Mauricie (CCIM) acquérir l’église Saint-Jean-de-Brébeuf: le 10 octobre, l’évêque de Trois-Rivières a suspendu la vente de l’église.
Dans une lettre datée du 9 octobre et lue dans le cadre d’une conférence de presse le 10 octobre, Mgr Luc Bouchard affirme qu’il se voit «obligé de suspendre la décision unanime des marguilliers d’accepter la proposition d’achat qui leur a été faite en bonne volonté et qui a été reçue en bonne volonté».
Une entente de principe prévoyait la vente de l’église à un groupe musulman pour un montant de 500 000 $.
Mgr Bouchard justifie sa décision en avançant que le projet de vente «risque de susciter envers les musulmans de Trois-Rivières, de la haine et de l’incompréhension». Il souhaite ainsi «tenter de garantir la paix qui a été perturbée».
L’évêque de Trois-Rivières consacre cependant l’essentiel de sa lettre de trois pages à inciter la population, et particulièrement les catholiques, à faire preuve de respect et de retenue envers le CCIM. Ce dernier cherche depuis un moment à acquérir des locaux plus spacieux pour ses membres, ce qui l’a poussé à faire une offre d’achat non sollicitée à la Fabrique du Bon-Pasteur qui gère l’église Saint-Jean-de-Brébeuf.
«Mais je dois avouer que certaines réactions, que cette possibilité de vente a engendrées, m’ont beaucoup surpris. Nous sommes loin de l’esprit de fraternité que tente de promouvoir le pape François», écrit Mgr Bouchard.
«Si des manques de respect et d’incompréhension ont été émis vis-à-vis les citoyens musulmans de Trois-Rivières, je dois leur en demander pardon», poursuit-il.
L’évêque se sert toutefois d’une disposition de la Loi sur les fabriques qui lui accorde un ultime droit de regard avant la vente d’un tel bâtiment pour suspendre la transaction.
L’Assemblée des évêques catholiques du Québec a partagé sur Facebook la lettre de Mgr Bouchard en évoquant une «décision difficile» qui a été «prise pour apaiser les gens de la communauté locale».
La fabrique se butait en effet à une forte opposition des paroissiens, qui ont tenu des propos durs lors d’une rencontre d’information qui s’est tenue le 8 octobre. Certains ont dit craindre de se faire conquérir par l’islam.
Dans une lettre ouverte publiée le 4 octobre dans Le Nouvelliste, un prêtre du diocèse de Trois-Rivières, Jean Panneton, trouvait risible le fait de vendre pour 500 000 $ un bâtiment et un terrain qui vaudraient plutôt 2 millions $.
«Qu’est-ce que le diocèse de Trois-Rivières ne ferait pas pour promouvoir l’expansion de la religion musulmane. Je suis certain que l’Arabie Saoudite s’empressera de reconnaître le diocèse de Trois-Rivières, comme un allié de taille!», ironisait-il, qualifiant le tout de «bizarrerie pastorale».
Il n’avait pas été possible de parler à un porte-parole du CCIM avant de publier ces lignes.
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