Dans un silence fébrile au Nirmala Shishu Bhavan – la Maison des enfants fondée par mère Teresa à Calcutta – orphelins, handicapés, novices et religieuses fixent le téléviseur alors que débute la retransmission de la cérémonie de canonisation de la fondatrice des Missionnaires de la Charité.
Ce jour-là, plusieurs personnes sont allées se recueillir sur la tombe de la nouvelle sainte. Les religieuses et les orphelins ont quant à eux préféré rester à l’intérieur du bâtiment afin de pouvoir assister à ce moment historique : la canonisation de sainte Teresa de Kolkata par le pape François.
«C’est un jour de fête pour nous tous. Dans tous les établissements des Missionnaires de la Charité, les religieux et religieuses ont les yeux rivés devant leurs téléviseurs afin d’assister à cet événement», affirme sœur Benoy, elle-même issue du couvent de Dum Dum, en banlieue de Calcutta.
Plus tôt ce jour-là, une foule bigarrée s’était agglutinée devant la clôture du Shishu Bhavan. Comme à tous les dimanches, des pauvres, des malades et des aînés attendaient qu’on leur ouvre la porte du couvent et qu’on leur donne quelques victuailles. Comme à tous les dimanches, les religieuses ont rempli leurs assiettes et gamelles.
«Ce lieu est en quelque sorte devenu notre maison. Car c’est bien d’une maison dont il s’agit: on nous y offre le gîte et le couvert et on nous y fournit aussi des médicaments», soutient une femme prénommée Amina, et qui rend fréquemment visite aux Missionnaires de la Charité afin d’obtenir nourriture et médicaments. Après avoir mangé en compagnie des religieuses, Amina et sa mère sont restées sur place, au Shishu Bhavan afin de pouvoir assister à la retransmission de la cérémonie de canonisation de Mère Teresa. Elles en ont profité pour réciter des prières et des chants liturgiques aux abords d’une statue à l’effigie de la sainte.
L’Inde célèbre Mère Teresa
Des centaines de personnes se sont réunies sur le parterre étroit de la maison-mère des Missionnaires de la Charité, à Calcutta. Cette foule compacte s’y est agglutinée pour assister en direct à la canonisation de Mère Teresa. Mais également pour transmettre leurs prières à la «sainte de Kolkata». Les religieuses ont d’ailleurs dû réaménager le parterre de leur couvent afin d’accueillir cet afflux de visiteurs et de faciliter la retransmission de la cérémonie vaticane.
Certains fidèles étaient munis de photos de la future sainte, d’autres de bouquets de fleurs. Les visiteurs ont joint leur voix à celles des religieuses, lorsque celles-ci ont entonné des chants de louange. Non loin de là, des boutiques de souvenirs improvisées vendaient quelques objets ayant prétendument appartenu à Mère Teresa.
Ce jour-là, Mohammad Ahsan, 62 ans, était de passage au couvent des Missionnaires de la Charité afin de rendre visite aux religieuses et de prier sur la tombe de leur fondatrice. Il tenait dans ses mains des photographies datant de 1994 et le montrant en compagnie de Mère Teresa. «Elle est entrée dans ma vie il y a plus de vingt ans. Je chéris ces photos comme la prunelle de mes yeux. Ma vie est désormais pleine de quiétude et je dois cela à ma rencontre avec la sainte de Kolkata», dit-il.
Productrice pour une chaîne télé de l’État indien du Kerala, Diana Silvester était également présente ce jour-là, aux abords de la maison-mère des Missionnaires de la Charité. Elle exhibait fièrement une affiche à l’effigie de Mère Teresa. «Je suis venue assister à cet événement historique», dit-elle. «Mère Teresa est, et sera pour toujours, l’incarnation même de l’amour, de la compassion et d’une vie consacrée au service de l’humanité», ajoute la productrice.
Originaire de l’État indien d’Odisha, sœur Babita s’est jointe aux postulantes et novices, en compagnie desquelles elle a assisté à la cérémonie de canonisation. À peine âgée de vingt ans, la religieuse doit d’ailleurs sa vocation au «puissant appel» qu’elle a ressenti pour la «sainte de Kolkata».
«Si elle n’est pas sainte, je me demande bien pourquoi tant de gens s’efforcent de l’imiter, même 19 ans après sa mort. Sa vie, son travail humanitaire, sa capacité à guérir les gens: tout cela est proprement miraculeux et nous pousse à aller constamment de l’avant» affirme pour sa part sœur Adelica. Originaire du Bangladesh, elle s’est déplacée à Calcutta pour «assister» à la télédiffusion de la cérémonie de canonisation de Mère Teresa, et aussi pour travailler dans l’un des couvents indiens de la congrégation.
De Nakor à la place Saint-Pierre
À plus de 400 kilomètres de Calcutta se trouve le village de Nakor. C’est là qu’habite Monica Besra, la toute première miraculée de mère Teresa. En 1998, sa guérison d’une tumeur à l’abdomen fut attribuée à l’intercession de la fondatrice des Missionnaires de la Charité. Cette guérison pava d’ailleurs la voie à la béatification de Mère Teresa, quatre ans plus tard.
Monica Besra aurait aimé être présente sur la place Saint-Pierre afin d’assister à la canonisation de la sainte de Kolkata. Elle se réjouit toutefois d’avoir pu assister à sa cérémonie de béatification.
«À mes yeux, elle a toujours été une sainte. Je n’ai jamais cessé de l’invoquer dans mes prières. Aujourd’hui, le monde reconnaît sa sainteté et lui adresse ses prières», dit-elle.
«J’étais mourante», dit-elle, lorsqu’elle lui a adressé sa supplique. «Mère Teresa a le pouvoir de guérir les gens et c’est ce qu’elle a fait pour moi, ce jour-là», soutient-elle.
Saadia Azim, CNS
Trad. et adapt. F. Barriault, pour Présence