Quelques heures avant son installation comme nouveau recteur de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, le père Michael DeLaney, discute de sa connaissance de ce lieu fondé par le frère André, de sa vision de la langue et de la culture d’ici et des défis qu’il entend relever.
Présence: Père DeLaney, vous êtes arrivé à Montréal, en provenance des États-Unis, en mars 2020. Vous connaissiez déjà l’Oratoire?
Michael DeLaney: Deux frères de ma grand-mère venaient régulièrement à l’Oratoire Saint-Joseph. Un avait été blessé à la guerre tandis que l’autre était atteint de la polio. Ils ont rencontré plusieurs fois le frère André et ils nous en parlaient toujours à leur retour. Après le décès de ma grand-mère, j’ai retrouvé dans ses papiers personnels, dans sa chambre, la carte mortuaire du frère André qu’elle avait toujours conservée.
De mon côté, la toute première fois que j’ai visité l’Oratoire, j’étais plus jeune. J’avais 9 ou 10 ans. C’était en 1967, à l’occasion de l’Expo. J’y suis venu avec ma famille. Depuis, j’y suis retourné quelques fois. L’an dernier, j’ai passé toute une semaine ici, afin de mieux connaître le lieu ainsi que le personnel. Vraiment, c’est une belle surprise pour moi d’avoir la chance d’y revenir, cette fois comme recteur.
Je suis arrivé en mars 2020, pour la neuvaine de saint Joseph (du 10 au 18 mars). Mais à cause de la COVID-19, trois jours après le début de la neuvaine, l’Oratoire a annoncé l’annulation des messes. On a aussi annoncé que la frontière avec les États-Unis était fermée. Je suis donc arrivé juste à temps à Montréal.
Vous arrivez ici alors qu’un débat sur le déclin de la langue française a cours. Comment réagissez-vous à cela, vous, un Américain de naissance qui apprend présentement le français?
Pour ma congrégation, qui est internationale, l’Oratoire Saint-Joseph est un lieu très important. Peu importe leur origine, tous les membres de la congrégation connaissent le nom, la vie et l’histoire du frère André. C’est mon cas, et depuis longtemps, avant même de faire partie de la Congrégation de Sainte-Croix. Vous savez, je suis un Américain qui a grandi dans l’État de New York. Montréal et le Québec, cela fait partie de notre vie. C’est à quatre heures de route de chez moi.
Je sais aussi que la langue française est très importante ici. J’ai bien l’intention d’écrire en français. Je veux bien parler la langue. Et je vais célébrer la messe en français. J’ai déjà fait quelques présentations en français depuis mon arrivée.
J’ai vécu dans différents pays, comme le Chili, le Brésil et l’Autriche. Chaque fois, c’était une nouvelle langue à apprendre. L’espagnol, le portugais, l’allemand. Pour moi, la clé pour bien comprendre une culture, c’est la langue. Depuis mon arrivée à Montréal, je prends des cours de français, en deux ou trois séances par semaine, par Zoom. Aujourd’hui, je peux lire très bien le français et je comprends bien quand mes professeurs me parlent en français. Je m’améliore beaucoup.
Pour moi, c’est très important, si on veut vivre dans une autre culture, d’en maîtriser la langue.
Je comprends la situation linguistique, tant au Québec qu’au Canada. Je suis d’une autre culture, c’est vrai, mais j’ai un très grand respect pour la culture et la langue d’ici.
En tant que 16e recteur de l’Oratoire, quels défis souhaitez-vous relever?
Un défi, c’est mon premier défi, sera de bien connaître les gens qui fréquentent l’Oratoire. C’est une bonne chose que je sois arrivé dès le mois de mars. J’ai pu rencontrer tout le personnel et j’ai dit régulièrement la messe, au début, en anglais et en espagnol.
Je sais bien que je suis le premier recteur de l’Oratoire qui ne soit pas né au Québec. Mais j’aime voir cela comme une chance pour notre Église et pour notre congrégation. Les gens qui visitent l’Oratoire viennent de partout dans le monde et parlent beaucoup de langues. J’espère obtenir leur confiance.
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