C’est en raison d’une maladie que l’évêque de Calgary a démissionné.
Le Vatican a annoncé le 4 janvier qu’il venait d’accepter la démission de l’évêque albertain de 73 ans en vertu du paragraphe 2 du canon 401, sans que ni Rome ni la Conférence des évêques catholiques du Canada ne précisent le pourquoi de cette démission, qui survient deux ans avant l’âge canonique de la retraite.
Mgr Fred Henry, qui occupait ce poste depuis 1998, a – fait rare pour un évêque – rendu publique sur le site Internet du diocèse de Calgary la lettre de démission envoyée au pape il y a presque un an. Il y explique longuement la nature de sa maladie, un type d’arthrite appelé spondylarthrite ankylosante qu’il traîne depuis l’âge de 35 ans.
«Après de considérables prières et réflexions, je suis parvenu à la conclusion que je devrais me retirer comme évêque de Calgary», écrit Mgr Henry dans sa lettre datée du 6 février 2016.
Il explique que sa maladie lui cause des raideurs au cou et dans le dos.
«Les vertèbres dans le bas de mon dos (région lombaire) et mon cou ont fusionné, limitant ma mobilité de base. Je ne peux plus tourner ma tête sur le côté et dois plutôt tourner tout le haut de mon corps pour regarder à gauche ou à droite. Je ne peux pas vraiment regarder en haut mais j’ai une courbure permanente et mes pieds me sont beaucoup plus familiers que le ciel», détaille-t-il.
Mgr Henry précise aussi que cette maladie cause des ennuis à son système immunitaire, ce qui a un impact sur ses yeux et sa capacité pulmonaire. Il décrit aussi quels médicaments il prend pour composer avec la maladie.
«Toutefois, je vis avec une sévère douleur chronique et les raideurs à la colonne vertébrale affectent à la fois ma posture et mes activités quotidiennes. Mon état est irréversible. J’ai déjà blagué en disant que ‘la douleur est ma meilleure amie, nous sommes toujours ensemble’, mais elle m’use et limite mon ministère», dit-il.
L’évêque demande au pape quelqu’un de plus jeune, avec «plus d’énergie, d’endurance et de vision pastorale» pour diriger le «diocèse toujours croissant» de Calgary aux besoins «énormes».
«J’ai donné le meilleur de moi et j’ai passé ma ‘date d’expiration’: il est temps de me retirer. J’aimerais proposer que ma retraite devienne effective au 31 décembre 2016», termine-t-il.
Prises de position franches
Né à London, en Ontario, en 1943, il y a été ordonné prêtre en mai 1968. Il devint évêque auxiliaire de London en 1986. En 1995, Jean-Paul II l’a nommé évêque du diocèse de Thunder Bay, en Ontario. Il était évêque du diocèse de Calgary depuis le 19 janvier 1998.
Le ministère épiscopal de Mgr Henry a notamment été marqué par ses prises de parole fortes et parfois colorées sur divers dossiers délicats. En 2004, il avait accusé le premier ministre canadien Paul Martin d’être un mauvais catholique en raison de son appui au mariage homosexuel.
En plus de s’opposer farouchement à l’avortement, il s’est aussi opposé aux campagnes de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH) dans les écoles catholiques, estimant que cela encourageait les jeunes filles à avoir des pratiques sexuelles contraires aux principes de l’Église catholique.
L’an dernier, il avait qualifié le gouvernement albertain de «totalitaire» pour son obligation d’implanter une politique d’accueil et de respect pour les personnes LGBTQ dans les conseils scolaires de l’Alberta, y compris les conseils scolaires catholiques.
Le pape François a désigné Mgr William Terrence McGrattan, jusqu’ici évêque de Peterborough, pour lui succéder.