Le chroniqueur Jean-Claude Leclerc a signé lundi son dernier texte dans la page Éthique et religions du quotidien Le Devoir.
Ce n’est qu’à la fin de son billet hebdomadaire, fidèlement publié chaque lundi depuis 16 ans, qu’il annonce son départ du quotidien où il a longtemps été chroniqueur municipal puis éditorialiste (de 1967 à 1990).
«Le moment est cependant venu d’un renouvellement des équipes, ainsi que Le Devoir a entrepris de le faire. La prochaine génération de journalistes s’avère prometteuse. Il faut faire place à cette relève», écrit-il.
Sa phrase finale s’avère plus précise. «À tous votre chroniqueur souhaite bon courage. Il ne saurait partir toutefois sans s’excuser des peines qu’il a pu causer, ni remercier de leur attention les lecteurs qui l’ont suivi depuis l’an 2000.»
Ce sont donc quelque 800 textes sur des questions éthiques et religieuses que Jean-Claude Leclerc aura rédigés pour cette page, la seule chronique dite religion encore publiée dans un quotidien du Québec. Pas moins de 685 billets, tous ceux rédigés depuis le lundi 6 mai 2002, sont toujours accessibles dans le site Web du quotidien sous le nom du chroniqueur.
En entrevue, Jean-Claude Leclerc hésite à nommer quelle chronique aura été la plus marquante. Puis, il avance sa toute première. «Je l’ai beaucoup travaillée celle-là. Et elle n’est pas passée inaperçue. Même que le Reader’s Digest l’a résumée!»
Le sujet de sa première chronique? «Relisez mon texte de lundi, tout est là», lance, amusé, le chroniqueur. Les premiers mots de son billet rappellent en effet un singulier mariage tenu dans une petite église de Sorel en l’an 2000.
«Quel contraste entre l’indignation d’alors et la résignation d’aujourd’hui. En l’an 2000, un mariage dans une église pleine de motards avait choqué le Québec. En 2016, des Hells sont sortis triomphants d’un palais de justice. Cette déconfiture judiciaire, la pire du siècle, laisse une industrie du crime récupérer ses fonds et ses « affaires »», note-t-il.
«Est-ce là un revers isolé, une faille réparable? Ou le résultat d’une décomposition sociale, sinon morale, qui touche de plus en plus d’institutions?», demande ensuite le chroniqueur dans son dernier billet.
Son billet initial indique déjà la direction que prendra ses futurs textes. «Je vais montrer et analyser les liens entre religions et éthique. Je vais soulever des questions. Et je me suis dit que ma chronique serait éducative, plutôt que polémique», se rappelle Jean-Claude Leclerc.
Débutée au milieu des années 1990, la page Éthique et religions du Devoir a connu trois rédacteurs avant que le journaliste Leclerc, alors devenu pigiste, en soit le chroniqueur attitré. L’universitaire Solange Lefebvre et les journalistes Stéphane Baillargeon et Jean Pichette y ont signé les premiers textes.