Directrice générale et fondatrice de l’agence Spiritours, un voyagiste spécialisé dans le tourisme spirituel, Anne Godbout a codirigé la rédaction de Voyages spirituels, 50 itinéraires de rêve autour du monde, un guide de voyage publié par l’éditeur spécialisé Ulysse. Le temps d’un café, elle discute de ce livre qui paraîtra en septembre, de ses destinations préférées et de la quête de sens de ses contemporains.
Présence: Notre société pratique de plus en plus le tourisme de consommation. À Spiritours, vous vous entêtez à proposer des voyages qui misent plutôt sur la quête de sens. Pensiez-vous, en lançant Spiritours en 2003, tenir aussi longtemps avec une telle approche?
Anne Godbout: C’est toujours un défi. Il n’y a rien d’acquis. Lorsque je me suis lancée dans le tourisme spirituel, je l’ai fait par passion, sans trop me poser la question de la durabilité. Aujourd’hui, notre agence va bien. Neuf personnes travaillent ici à temps plein.
On s’inscrit dans un marché de niche, ce qui n’est pas toujours évident. Quand un événement secoue nos grandes destinations de pèlerinages – je pense entre autres à la Terre Sainte -, cela peut faire peur et même engendrer une baisse de pèlerins.
Depuis la création de Spiritours, votre clientèle a-t-elle changé?
En 16 ans, tout a beaucoup changé. Quand on a commencé, la perception du pèlerinage était différente. Je pense même qu’on a contribué à changer cette perception, à la rendre plus contemporaine. On offre des voyages de ressourcement qui nous permettent d’aller aux périphéries et de toucher ainsi des gens en quête de sens mais qui ne sont peut-être pas en mesure aujourd’hui de nommer l’objet de cette quête.
On a rajeuni notre clientèle. La spiritualité est devenue tendance. Pour nous, cela a créé de l’ouverture. On met aujourd’hui de l’avant deux volets. Il y a celui qu’on appelle Aux sources de la foi. Ce sont des pèlerinages chrétiens, accompagnés souvent par des prêtres catholiques. On a aussi ce volet Aux sources de l’être qui propose des voyages axés sur le développement personnel et qui peuvent devenir une porte d’entrée pour des gens qui s’interrogent sur la spiritualité.
Ici, on respecte la liberté de croyance de chacun. Mais on a reçu des témoignages de gens qui ont vécu, par un voyage, une réconciliation avec l’Église ou encore avec la foi. C’est la mission qu’on se donne ici: permettre à des individus de faire le point, de se ressourcer, de favoriser leur croissance personnelle et spirituelle et de susciter la rencontre avec soi-même, avec l’autre et, pour les croyants, avec Dieu.
C’est tendance aujourd’hui de parler de voyages transformationnels. On peut dire que bien avant que l’expression ne soit inventée, il y a des gens qui nous disaient que leur expérience de voyage avait transformé leur vie.
Pour Anne Godbout, quelle la plus belle destination voyage?
J’ai bien de la difficulté à répondre à une telle question. Il y a tant de lieux qui m’ont impressionnée. Disons que le désert du Sahara a été un vrai coup de foudre. Le désert, pour moi, est habité par une présence. J’y sens la présence de Dieu, quasiment plus au désert que dans une église. C’est très intense.
Un voyage en Algérie sur les pas de Charles de Foucauld a aussi été marquant. Comme tout voyage en Terre Sainte. On revient de là et on ne lit plus l’Évangile de la même façon. L’Évangile que l’on entend vient maintenant avec des images, avec une expérience vécue.
Vous publiez cet automne Voyages spirituels, 50 itinéraires de rêve autour du monde. Pourquoi ce guide?
C’est pour inspirer les gens, les ouvrir au tourisme spirituel et religieux. On leur partage 50 itinéraires que les gens sont libres de suivre. Les textes qu’on a composés – c’est un travail d’équipe – sont accompagnés de photographies professionnelles et de notes qui mettent en valeur certains lieux, monuments et personnages religieux.
Eh oui, on y trouvera quelques itinéraires en plein désert.
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