Les fêtes de la fin de semaine soulignant le 25e anniversaire de la Fraternité Saint-Alphonse, à Beauport, ont culminé avec une messe sous un vaste chapiteau le dimanche 9 septembre, sur le terrain même de l’organisme. Environ 400 personnes y ont pris part.
Le vendredi, le coup d’envoi des festivités avait été donné par le député fédéral de Beauport, Alupa Clarke. Le samedi soir, la Fraternité avait organisé une soirée dansante.
Fondée en 1994 par le père rédemptoriste André Morency et par les laïcs France Lacoursière et Régis Pellerin, la Fraternité héberge des gens qui ont besoin d’un nouveau départ dans la vie après des périodes de dépendance ou de détresse.
«Aujourd’hui j’ai le goût de vous dire merci, à tous et toutes. Pas juste d’être là, mais d’avoir foi en cette œuvre. De croire que le Seigneur travaille dans cette bâtisse-là», a dit le père Morency à la fin de la célébration. «On travaille avec du monde, et il faut qu’ils apprennent à dire leurs choses. Mais nous aussi, même rendus à 69-70 ans, on continue d’apprendre à dire… je t’aime.» Les larmes aux yeux, la voix tremblante, il a lancé à l’assemblée: «Il faut que je vous dise que je vous aime.»
Outre des bénéficiaires de la Fraternité, plusieurs personnes qui ont soutenu l’organisme au fil des années étaient présentes, dont des dizaines de religieuses et des confrères rédemptoristes du père Morency.
C’est le vicaire général de l’archidiocèse de Québec, l’évêque auxiliaire Marc Pelchat, qui présidait la messe.
«Les résidents sont des personnes que la vie peut sembler avoir laissé en chemin, et qui trouvent ici un accueil inconditionnel, un soutien pour le corps et pour le cœur. Ils réapprennent à se mettre en marche», a rappelé Mgr Pelchat au début de la célébration. «Le cheminement spirituel des personnes qui sont ici ou qui sont passées par cette maison les amène à croire en la Résurrection, celle du Christ, et la leur. Et le Seigneur leur permet d’entendre et de communiquer, de parler à nouveau. De retrouver l’ouïe et la parole.»
Une année mouvementée
Cet anniversaire marque le point d’orgue d’une année mouvementée pour l’organisme, qui a dû trouver 1,1 million $ en quelques semaines plus tôt cette année pour acquérir la vaste résidence qui l’hébergeait le long du boulevard Sainte-Anne. Les Frères de la Charité, qui souhaitaient s’en départir, se sont finalement entendus avec la Fraternité.
«Nous sommes propriétaires de la bâtisse depuis le 1er juin», a confirmé le président du conseil d’administration, Carol Lepage. «Je suis ému. Très ému. J’avais invité une trentaine de communautés religieuses, je pense qu’elles étaient toutes là. Elles nous ont soutenus pour l’achat de la maison. D’autres donateurs étaient là aussi. Quand on ne vit que de dons, il faut avoir l’espoir dans notre cœur. Ces 1,1 million $, je ne pensais pas qu’on les recueillerait. Mais on n’a pas laissé tomber et on l’a recueilli en deux mois et demi», s’est-il réjoui.
Providence
Dans son allocution, le père Morency a rappelé que l’organisme a toujours vécu de dons, sans jamais recevoir d’argent public. Qu’il s’agisse de mobilier, de nourriture ou d’argent, c’est ce soutien qui a permis à l’organisme de perdurer pendant ces vingt-cinq années. Selon le directeur général de l’organisme, Réjean Bédard, la Fraternité vient en aide à environ 200 personnes par année. La durée moyenne d’un séjour oscille entre sept et huit mois. La maison peut accueillir une quarantaine de personnes à la fois. Offrir de tels services serait impensable sans la générosité des gens.
«La maison a toujours vécu de la providence. Ceux qui n’y croient pas, je leur dis: ‘Viens vivre un bout avec nous, tu vas voir c’est quoi la providence!’ On ne manque jamais de rien.» Il convient que certaines années furent plus difficiles, comme la fois où on a servi des pâtes alimentaires pendant six mois, sans être en mesure d’offrir de la viande. «Nous pouvons compter sur la générosité de marchands, d’épiceries, de Moisson Québec. Sans ça, on n’y arriverait pas», a convenu M. Bédard. «Ça coûterait plus de 100 000 $ de nourriture par année.»
Le député fédéral de Beauport-Limoilou, le conservateur Alupa Clarke, qui avait assuré la présidence d’honneur du 25e anniversaire, était aussi présent à la célébration du dimanche matin. Le politicien ne tarissait pas d’éloges pour la Fraternité.
«On vit dans une société de plus en plus rationnelle et froide, atomisée, où l’individualisme est grandissant. L’État et la politique ont leurs limites. Ça prend absolument des institutions comme la Fraternité Saint-Alphonse pour subvenir [aux besoins] des gens qui ont besoin d’être sauvés, qui sont en détresse», a-t-il déclaré à Présence, soulignant au passage le «courage» et «l’humilité» de ceux qui viennent y chercher de l’aide.
Questionné sur la possibilité que l’organisme puisse un jour recevoir de l’aide fédérale, il s’est montré prudent, sans complètement écarter cette possibilité.
«Si on peut aider au fédéral, tant mieux», a-t-il répondu. «Mais en tant que conservateur, j’aime que les choses viennent de la base, de la communauté. Donc je pense que les dons qu’ils ont reçu et qu’ils recevront, c’est meilleur que toute aide de l’État. Mais il ne faut pas fermer la porte. C’est un bel exemple d’une institution ancrée dans la communauté.»
Une campagne de 2,5 millions $
Pour pérenniser l’action de l’organisme, il faudra procéder prochainement à la réparation des murs extérieurs de la vaste maison.
«On doit repartir en campagne de financement», confiait Carol Lepage à l’issue de la messe. «J’ai commencé à envoyer des avis et des lettres. On doit recueillir 1,5 million $ pour ces réparations. Mais comme des imprévus peuvent survenir, on part en campagne pour 2,5 millions $, afin de se donner une marge de manœuvre.»