«À cette grande marcheuse qui ne cessera jamais de nous inspirer.» Ces mots sont gravés sur la médaille de l’Assemblée nationale qu’a reçue hier la religieuse pharmacienne Christiane Sibillotte.
C’est Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, la circonscription où habite la religieuse auxiliatrice, qui lui a remis cette médaille lors d’une fête qui a réuni quelque 150 amis et parents à Montréal afin de souligner son 100e anniversaire.
«Comme députée, j’ai le privilège de pouvoir remettre une médaille de l’Assemblée nationale pour souligner l’existence de gens d’exception», a indiqué Manon Massé. Mais, a-t-elle confié dimanche, elle a hésité avant de poser ce geste. «Notre humble Christiane n’en voudra probablement pas. Elle va dire qu’elle a agi par amour, qu’elle n’était pas seule, que c’est grâce à tout le monde…», a-t-elle confié.
«Mais cela ne la regarde pas», a tranché la députée, sourire en coin. «C’est moi qui souhaite honorer l’espoir et la détermination qu’elle a semés dans mon cœur.»
La députée de Québec solidaire et la religieuse se connaissent depuis plus de vingt ans. En 1995, la militante féministe Manon Massé, 32 ans, était responsable de la logistique lors de la grande Marche du pain et des roses. Elle apprend alors qu’une des femmes qui souhaite parcourir à pied les 200 kilomètres de cette manifestation contre la pauvreté des femmes est âgée de 79 ans. Cette fois encore, Manon Massé a hésité. Cette dame, tout aussi déterminée qu’elle était, aurait-elle l’énergie nécessaire pour effectuer durant dix jours, pas moins de vingt kilomètres par jour?
«Mais quel préjujé», se rappelle Manon Massé. Lors des entraînements préparatoires au YMCA, «elle était de loin la plus assidue. Et c’est elle qui avait la meilleure forme physique», lance la députée.
Depuis, la doyenne des marcheuses du Pain et des roses et la future députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques se sont souvent «croisées sur la route de la transformation sociale».
«Chère Christiane, sans le savoir, tu as su m’inspirer la force de vivre et la profonde conviction qu’on peut changer les choses, un pas à la fois. C’est un grand honneur de te remettre la médaille de l’Assemblée nationale du Québec, ce pays que tu as adopté sans retenue et qui aurait été bien mal avisé de ne pas t’accueillir les bras grands ouverts.»
Née à Paris le 18 avril 1916, Christiane Sibillotte obtint un diplôme en pharmacie avant de faire son entrée au noviciat des Sœurs auxiliatrices en 1939. En 1949, on l’envoya au Québec afin d’y établir une résidence permanente pour sa congrégation. De 1973 à 1995, elle fut pharmacienne à la Pharmacie populaire de Pointe-Saint-Charles, un des quartiers les plus défavorisés de Montréal. Il y a actuellement dix religieuses auxiliatrices au Québec.