Pour une deuxième année consécutive, la célébration de Yom HaShoah, le Jour commémoratif de l’Holocauste, s’est déroulée en ligne le mercredi 7 avril 2021. Six survivants de l’Holocauste ainsi que des personnalités publiques ont pris la parole, non pas dans une synagogue de Montréal, mais plutôt dans la page Facebook du Musée de l’Holocauste Montréal, l’organisateur principal de cet événement annuel.
«On ne doit jamais oublier les millions de victimes de l’Holocauste», a déclaré le premier ministre François Legault aux 500 personnes qui ont participé à cette commémoration virtuelle.
«On ne doit jamais oublier que le pire est possible si on baisse la garde devant la haine et l’intolérance. Les choses s’améliorent mais, malheureusement, nous n’avons pas réussi à éliminer toute la haine dans le monde.»
Le premier ministre du Québec estime qu’il faut «continuer de tendre la main à tous nos concitoyens de toutes origines et de toutes confessions» afin de les «rassembler pour dénoncer la haine et pour combattre l’intolérance».
«Après avoir réalisé les horreurs de l’Holocauste, plusieurs ont cru que ce serait la fin de l’antisémitisme», a ensuite confié David Levy, le consul général d’Israël au Canada. «Malheureusement, nos propres enfants doivent affronter aujourd’hui un monde où l’antisémitisme est très présent, notamment dans les médias sociaux», a-t-il déploré.
Une survivante de l’Holocauste, Muguette Szpajzer-Myers a raconté qu’elle résidait à Paris lorsque la guerre a éclaté. Craignant que cette ville ne soit bombardée, le gouvernement français a cru bon d’évacuer les élèves de l’école de la jeune Muguette. «Je ne savais pas où était maman. Je ne savais pas non plus où j’étais», se souvient-elle.
Sa mère retrouvée «après un temps qui m’a paru bien long», la famille se réfugie à Champlost, un village d’à peine 150 habitants. «Tout le monde savait que nous étions juifs, même les enfants, mais personne n’y prêtait attention.»
«J’allais à l’école, comme tous les autres enfants. J’ai appris la religion catholique, je suis allée à la messe, au catéchisme», a expliqué à la caméra madame Szpajzer-Myers, aujourd’hui âgée de 89 ans.
Elle a appris que le maire du village avait reçu des lettres, sans doute de fermiers des environs, qui informaient les autorités de la présence à Champlost de juifs. Elle se souvient que le maire jetait carrément ces lettres «dans la cheminée». Elle estime aujourd’hui que c’est un miracle si la présence de sa famille à Champlost n’a jamais été dénoncée aux Allemands qui occupaient le voisinage.
Durant la commémoration virtuelle de mercredi soir, six bougies ont été allumées en mémoire des six millions de juifs qui ont perdu la vie durant la Shoah.
Le premier ministre du Canada, plus tôt dans la journée, a rappelé que «l’Holocauste est l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’humanité».
«Malheureusement, plus de 75 ans après la libération des camps de concentration et d’extermination nazis, la violence, la haine et la montée de l’antisémitisme continuent de menacer les communautés juives au Canada et à travers le monde. Cette situation est inacceptable», a déclaré Justin Trudeau.
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