«Ce que nous faisons, c’est simplement de redonner aux gens leur dignité.»
À l’Université Laval, dans le cadre du congrès mondial de SIGNIS, un organisme catholique de communication, une religieuse a raconté comment la découverte des conditions de vie des gens qui se pressent à la frontière des États-Unis l’a bouleversée et l’a obligée à passer «de la parole aux actes».
Norma Pimentel, membre de la congrégation religieuse des Missionnaires de Jésus, est responsable des œuvres charitables du diocèse de Brownsville, au Texas. En juin 2014, elle a décidé de mettre sur pied un centre d’accueil pour ces centaines de familles latino-américaines qui pouvaient finalement séjourner aux États-Unis après avoir été détenues par les service de la protection des frontières des États-Unis.
Le sort des jeunes enfants de ces familles l’a particulièrement émue, a-t-elle expliqué dans une des toutes premières conférences de ce congrès qui rassemble plus de 200 spécialistes des communications de quelque cent pays sous le thème «Restons connectés pour dire l’espérance».
«Je suis entrée dans un centre de détention pour réfugiés. J’y ai vu des enfants de 5 et 6 ans, certainement pas plus de dix ans, le visage couvert de larmes». a-t-elle raconté. Ils étaient dans un état misérable, souvent couverts de poussière, «incapables de s’asseoir tant il étaient entassés» dans une cellule.
«Ce ne sont pas des criminels», lance sœur Pimentel. Venant du Honduras, du Salvador ou du Guatemala, ces milliers de réfugiés qui veulent désespérément entrer aux États-Unis ont souvent été victimes d’extorsions et de viols.
Au centre d’accueil de la paroisse Sacré-Cœur, on peut accueillir jusqu’à 400 personnes par jour. On offre aux familles de la nourriture, des vêtements, une douche, des conseils. «Mais surtout, on leur redonne leur dignité».
Aux États-Unis, la religieuse Norma Pimentel est devenue une célébrité en 2015. Un grand réseau de télévision avait organisé une rencontre virtuelle entre le pape François et de jeunes réfugiés latino-américains réunis dans une église de McAllen, au Texas, là où elle travaillait.
Après avoir écouté le témoignage des jeunes réfugiés, le pape a demandé à «cette religieuse qui a parlé un peu plus tôt» de s’avancer en avant de l’église.
Le pape a alors remercié publiquement Norma Pimentel. «Et par vous, je veux remercier toutes les religieuses des États-Unis pour tout ce que vous avez fait et tout ce que vous faites aujourd’hui.». Affichant un large sourire, le pape François a ensuite ajouté cette phrase: «Je voudrais vous dire, est-ce bien approprié de la part d’un pape de dire cela, que je vous aime toutes beaucoup».
Au terme de sa conférence, le présentateur a demandé à la religieuse si l’arrivée du président Donald Trump à la Maison-Blanche l’inquiète. La réponse de soeur Norma Pimentel tenait en quelques mots. «Peu importe le président, on va poursuivre notre engagement», a-t-elle lancé.
Le congrès mondial de Signis se déroule à Québec du 19 au jeudi 22 juin. Deux organismes canadiens sont membres de SIGNIS, soit Communications et Société et l’Association des communicateurs catholiques du Canada, un organisme anglophone.