Depuis sa fondation il y a un an et demi, le journal électronique Crux se consacre exclusivement à la couverture de l’actualité catholique américaine et internationale. Crux était jusque-là la propriété du Boston Globe. Or, le célèbre quotidien bostonnais a récemment mis fin à son association avec Crux. L’équipe éditoriale du journal en ligne vient donc de parapher une entente avec les Chevaliers de Colomb, qui agiront désormais à titre de bailleurs de fonds principaux de Crux.
Le Globe a cédé à John L. Allen Jr le droit d’usage du nom et du logo de Crux. Le célèbre vaticaniste américain couvre l’actualité catholique depuis une vingtaine d’années. Il était également journaliste au Boston Globe, de même qu’éditeur adjoint de Crux.
La nouvelle mouture de Crux s’appuiera sur une équipe réduite. John Allen et sa collègue vaticaniste Inès San Martin seront de retour, tout comme la webmestre Teresa Hanafin. Les autres journalistes de Crux ont cependant été licenciés par le Boston Globe.
La branche américaine des Chevaliers de Colomb a avancé les sommes qui permettront à Crux de poursuivre ses activités. Le 15 mars, ils ont émis un communiqué annonçant qu’un site de nouvelles en ligne hébergé par les Chevaliers de Colomb (Catholic Pulse) fusionne avec celui de Crux.
Les Chevaliers de Colomb se sont engagés à respecter la liberté éditoriale de l’équipe de Crux, se disant convaincus que «dans leurs commentaires éditoriaux et dans leur couverture de l’actualité, [les journalistes de Crux] sont au service des meilleurs intérêts de l’Église». Créés au XIXe siècle, les Chevaliers de Colomb sont l’une des plus importantes compagnies d’assurance dans le monde. Ils sont notamment connus pour leur militantisme pro-vie.
Dans son communiqué de presse, la direction du Boston Globe a confirmé que c’est d’abord et avant tout pour des questions d’ordre financier qu’elle a mis fin à son association avec Crux. C’est le 9 mars que le Gobe a fait connaître sa décision à Crux.
M. Allen n’a pas caché sa déception face à cette décision. Il s’est néanmoins empressé de remercier la direction du Boston Globe pour les «ressources [financières et humaines] considérables» qu’elle a investi dans Crux. C’est donc «sans la moindre parcelle d’amertume» que prend fin l’association entre Crux et le Globe, affirmait-il, le 14 mars.
Dans un mémo destiné aux employés du Globe, les éditeurs Brian McGrory et David Skok ont confirmé qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une décision d’affaires: «Nous n’avons pas été en mesure de développer un modèle d’affaires propre à attirer les annonceurs catholiques les plus fortunés. Or, la stratégie commerciale que nous avons élaborée en septembre 2014, reposait sur cet espoir-là».
Dans un courriel qu’il a envoyé à l’Atlantic Magazine, Brian McGrory disait avoir beaucoup «aimé » Crux. Lui comme d’ailleurs «toute l’équipe» du Boston Globe. «C’était une idée merveilleuse, une noble mission, qui a été accomplie avec brio par une petite équipe expérimentée et besogneuse». Hélas, ajoute-t-il, les «chiffres n’ont pas été au rendez-vous. Nous n’arrivions pas à faire nos frais. Nous avons donc dû prendre la décision de mettre fin à cette aventure déficitaire afin de nous recentrer sur la mission fondamentale de notre entreprise».
Selon M. Allen, la page web de Crux attirait mensuellement près d’un million d’internautes, plus encore lors de la visite du pape François aux États-Unis, en septembre 2015 et lors de la récente joute verbale ayant opposé le pape à Donald Trump, le candidat à l’investiture républicaine.
Lors de leur point de presse, les Chevaliers de Colomb ont annoncé leur intention d’agir à titre de «partenaire et de bailleurs de fonds principal de Crux. Le journal «continuera de solliciter l’appui des annonceurs» et pourrait également devoir accepter certaines commandes liées à la couverture journalistique d’événements qui «correspondent à la mission conjointe de Crux et des Chevaliers de Colomb». Même si, ultimement, l’objectif poursuivi est de mettre en place une plateforme en ligne se consacrant exclusivement «au journalisme catholique de qualité».
Mark Pattison, Catholic News Service
Trad. et adapt. Frédéric Barriault, pour Présence