Née à Lyon en 1973, la Communauté du Chemin neuf s’est implantée dans la paroisse Sainte-Rose-de-Lima à Laval en 1999. Depuis, elle a pris en charge la Résidence étudiante Ignace-Bourget, le centre de retraite Val de Paix à Rawdon et le St-Charles Retreat Center à Winnipeg. Bien connue pour le parcours Cana destiné aux familles et aux couples, elle est une des rares communautés nouvelles ayant vu le jour en France à avoir réussi à s’enraciner durablement en sol québécois.
C’est par une splendide journée du mois d’août que Marie Salmon, responsable du Chemin neuf Canada, nous reçoit à la Résidence étudiante Ignace-Bourget située à quelques mètres de la rivière des Prairies dans le nord de Montréal. Originaire de Lyon, Marie Salmon, mariée et mère de quatre enfants, s’est vue confier en 2013 par le père Laurent Fabre, fondateur du Chemin neuf, la mission de démarrer le Foyer étudiant. En 2017 elle devint la responsable nationale de la communauté. À ce titre elle supervise l’ensemble des missions de la communauté au Canada qui compte 44 adultes et 38 membres de la Communion, sorte de tiers ordre.
Selon elle, le succès du Chemin neuf au Canada relève de trois éléments essentiels. «Le premier est que nous nous inscrivons dans une communauté internationale. Elle est donc supportée par un corps qui est plus large.» Le Chemin neuf, qui célébrera ses 45 ans en 2018, est présent dans une trentaine de pays et compte près de 2000 membres.
Le deuxième élément, selon Mme Salmon, est le fait que le Chemin neuf puise sa source à la fois dans la spiritualité ignacienne et dans la spiritualité du Renouveau charismatique. «La spiritualité ignacienne nous donne aujourd’hui une certaine force, peut-être même une certaine crédibilité. Elle nous enracine dans une expérience ecclésiale reconnue et elle nous ancre profondément dans l’Église.» Pour Marie Salmon, le Renouveau charismatique est un des piliers de la communauté. «Il nous relie également à un courant plus large. Le Renouveau nous met très fortement en lien avec d’autres Églises chrétiennes. Cela nous donne beaucoup de force.»
Le troisième élément est l’œcuménisme du Chemin neuf. «Dès l’origine, Laurent Fabre a eu cette intuition de fonder une communauté composée de personnes provenant de diverses Églises chrétiennes.» C’est lors d’une soirée de prière que le fondateur a vécu une expérience spirituelle nommée le « baptême dans l’Esprit » alors que des frères protestants priaient pour lui.
Au Québec, le Chemin neuf trouve plus difficile de vivre cette intuition. «C’est un plus gros défi ici qu’ailleurs. Malgré tout, nous constatons que beaucoup d’Églises protestantes sont prêtes à emprunter des chemins d’unité avec des catholiques. Nous participons à des cultes et à des évènements œcuméniques à Montréal et à Lanaudière. Cela passe beaucoup par des liens fraternels, de personne à personne.»
Dans ses rangs, la communauté compte deux couples mixtes, c’est-à-dire deux couples dont les conjoints sont de dénominations chrétiennes différentes. Au Chemin neuf, des protestants, laïcs et pasteurs, peuvent devenir membres à part entière de la communauté.
Cette mixité donne d’ailleurs du fil à retordre au Vatican. «Le Chemin neuf est une communauté catholique à vocation œcuménique constituée de prêtres, de célibataires et de couples mariés. Il n’est pas facile de nous ranger dans un tiroir. Nous avons une reconnaissance qui est liée à l’archevêque de Lyon et une autre de droit pontifical pour l’Institut religieux du Chemin neuf qui comprend une centaine de prêtres.» Dans le jargon de l’Église, le Chemin neuf est considéré comme une association publique de fidèles.
Localement, la communauté dépend de Mgr Christian Lépine, l’archevêque de Montréal. Au Canada sa première mission a été de prendre en charge la communauté paroissiale Sainte-Rose-de-Lima à Laval. Ce n’est plus le cas depuis 2016. «Avec Mgr Lépine nous réfléchissons à la possibilité d’une nouvelle implantation en paroisse.»
Marie Salmon est consciente que l’avenir du Chemin neuf au Canada n’est pas joué. «Le défi de la communauté est le même que celui de l’Église. La moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux. Nous sentons toutefois qu’il y a un réel besoin et nous tentons d’y répondre.»