L’organisation caritative internationale catholique Aide à l’Église en détresse (AED) a déclaré qu’elle trouvait «très plausible» l’affirmation d’une ancienne employée selon laquelle le père Werenfried van Straaten, son fondateur, l’avait agressée sexuellement dans les années 1970.
L’organisation caritative, qui soutient les chrétiens souffrant de persécution ou d’extrême pauvreté, a confirmé que la victime a présenté cette allégation en 2010.
«La direction de l’œuvre de charité a pris l’accusation très au sérieux, a cherché à entrer immédiatement en contact avec la personne concernée et l’a écoutée lors d’un entretien personnel. Son témoignage a semblé crédible», a expliqué l’Aide à l’Église en détresse dans une déclaration publiée après que Christ und Welt, un supplément du journal Die Zeit, ait rapporté que l’AED avait versé à la femme 16 000 euros (24 600 $).
L’AED a déclaré que l’argent était «une compensation financière à la personne concernée afin de souligner sa volonté de reconnaitre sa souffrance et de tenter d’en atténuer les conséquences pour elle».
Le père van Straaten, un religieux hollandais de l’ordre des prémontrés, est mort en 2003 à l’âge de 90 ans après des décennies consacrées à aider les chrétiens persécutés, notamment d’Europe de l’Est.
La victime «a clairement exprimé le souhait que l’accusation soit traitée de manière confidentielle», a indiqué l’AED, tout en admettant que le groupe espérait «éviter de nuire à la réputation de l’organisation caritative» et d’«interférer avec le travail des projets» que l’organisme appuie dans différents pays.
Christ und Welt a déclaré que l’agression présumée avait eu lieu lors d’un voyage en Italie en 1973. Le père van Straaten avait alors 60 ans à l’époque et la jeune femme faisait partie de la délégation qui voyageait avec lui.
Réaction de l’Aide à l’Église en détresse – Canada
«C’est n’est vraiment pas un moment agréable à vivre, non seulement pour notre organisation, mais aussi pour toutes ces personnes qui ont été inspirées par le père van Straaten», lâche d’abord Marie-Claude Lalonde, la directrice nationale de l’Aide à l’Église en détresse – Canada.
Questionnée sur les accusations qui viennent d’éclabousser le fondateur de l’AED, elle indique condamner totalement «le comportement dont il est accusé».
«Perpétrer tels abus, c’est carrément inacceptable», déclare madame Lalonde. «L’Aide à l’Église en détresse condamne toutes les formes d’abus, de quelques nature soient-ils. Et étant une femme, je condamne fermement les abus de nature sexuelle.»
Marie-Claude Lalonde dit qu’elle a «appris l’histoire le 29 janvier». Lors d’une rencontre, tenue en visioconférence, les dirigeants du bureau-chef de l’AED ont révélé aux responsables des 23 organismes nationaux les faits reprochés au père van Straaten. «Je peux dire qu’il y a eu un long moment de silence. Tout le monde était sous le choc.»
«On a décidé d’agir en toute transparence», dit la directrice d’AED-Canada qui invite les donateurs et donatrices à lire un document de type «Questions/Réponses» qui a rapidement été inséré dans le site Web international de l’AED.
Dans ce document, on assure que «le père van Straaten n’a fait l’objet d’aucune autre accusation d’agression sexuelle».
En poste à l’AED-Canada depuis l’an 2000, Marie-Claude Lalonde a rencontré quelques fois le fondateur, avant son décès en 2003. «C’était un homme charismatique mais il était alors très malade.» Le chanoine prémontré a dirigé l’AED durant 55 ans.
Avec la collaboration de François Gloutnay, Présence.
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