Le Canada devrait s’engager davantage dans la résolution du conflit en Syrie, croit le Français Michel Roy, secrétaire général de Caritas Internationalis, l’organisme mondial de secours d’urgence et de développement de l’Église catholique.
Des négociations, auxquelles participent le gouvernement syrien et les forces rebelles, ont débuté à Genève. «Elles sont compliquées», reconnaît celui qui dirige une confédération de 160 organismes, dont fait partie Développement et Paix, le membre canadien de Caritas.
«Ceux qui accompagnent ces négociations, ce sont les grandes puissances, soit les États-Unis, la Russie et l’Union européenne. Le Canada peut jouer un rôle dans ces négociations», a-t-il confié à l’agence Présence mercredi soir, à Montréal. «Le Canada et d’autres pays peuvent faire en sorte que les Syriens définissent entre eux leur avenir. Parce les États-Unis ont trop d’intérêts dans la région. La Russie également.»
«À Caritas, nous croyons que même des petits pays d’Afrique ou d’Asie ont un rôle à jouer pour dire « cette guerre-là, cela suffit ». J’espère, non je suis sûr que le Canada a la capacité de monter d’un cran et même de plusieurs sa participation dans ces négociations. Il faut qu’elles aboutissent et que ce soient des négociations de Syriens entre eux et non pas celles de la communauté internationale par des Syriens interposés.»
Aujourd’hui, le secrétaire général de Caritas Internationalis est attendu à Ottawa où il rencontrera des responsables d’Affaires mondiales Canada. Il souhaite que «les autorités du Canada voient Développement et Paix non pas seulement comme un acteur local mais comme une organisation membre d’une grande famille».
«Les gouvernements qui soutiennent des organisations comme les nôtres voient les avantages d’un organisme qui appartient à un réseau international. Ce réseau permet d’aller plus loin, de démultiplier les efforts faits localement», estime-t-il.
À Ottawa, Michel Roy sera accompagné par David Leduc, directeur général de Développement et Paix.
Le secrétaire général de Caritas souhaite expliquer aux autorités canadiennes que le caractère religieux de Développement et Paix, aussi connu sous le nom de Caritas Canada, lui confère un avantage sur la scène internationale.
«Bien des gouvernements voient l’importance de travailler avec des organisations religieuses parce qu’elles sont enracinées dans les communautés. L’efficacité de leur travail dépend justement de la qualité de l’organisation de ces communautés qui sont les actrices de leur propre développement».
Et ce sont ces gens qui sont les premiers touchés lorsque survient une tragédie.
«Quand une catastrophe arrive, dans les 24 heures, qui agit? Ce ne sont pas les ONG internationales, qui arriveront le lendemain, mais ce sont les populations elles-mêmes. Elles peuvent accomplir cela si elles sont organisées. C’est là toute la force d’un réseau comme Caritas.»
Il plaidera pour que le «gouvernement canadien reconnaisse la valeur ajoutée de la société civile canadienne, dans laquelle Caritas Canada a un rôle à jouer.»
Plusieurs pays diminuent leurs contributions à l’aide humanitaire et à ces organismes de la base, constate-t-il. Michel Roy a la conviction que «ce n’est pas un mauvais investissement que d’investir dans ces associations car elles font un bon travail, nécessaire, partout sur la planète, mais aussi au Canada».
Michel Roy a été élu secrétaire général de Caritas Internationalis en 2011. Il a participé cette semaine à Montréal à une rencontre des membres nord-américains de Caritas.