Pour une troisième fois ce printemps, les évêques du Québec ont émis une déclaration sur le projet de loi 21. Cette fois, ils déplorent particulièrement l’intention du gouvernement d’avoir recours au bâillon.
«Nous croyons plutôt qu’un projet de loi qui aura pour effet de limiter des libertés individuelles de façon significative doit être étudié avec rigueur et sans empressement», a indiqué l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) dans une lettre de trois pages rendue publique le vendredi 14 juin.
L’AECQ regrette aussi que le gouvernement n’ait pas cru bon d’inviter les organisations religieuses visées par le projet de loi sur la laïcité à s’exprimer dans le cadre des consultations du mois de mai.
Les 31 évêques du Québec estiment que tout gouvernement doit contribuer par ses lois au «vivre-ensemble paisible» et laisse poindre une critique quant au ton acrimonieux les débats qui ont accompagné la proposition législative dans une société québécoise qui apparaît polarisée sur la question.
Ils rappellent par ailleurs leur posture favorable «au principe de l’inscription de la laïcité et de la neutralité religieuse de l’État dans la législation. Nous sommes également en accord avec l’interdiction du port de signes religieux par des employés de l’État qui exercent une autorité coercitive et qui ont un code vestimentaire strict.»
Cependant, à l’instar de leur déclaration du mois de mars émise avant même le dépôt du projet de loi, ils s’opposent au fait que cette interdiction soit élargie aux enseignants, exacerbant «les préjugés et la peur».
«Nous sommes d’avis que la Loi sur la laïcité de l’État, si elle comporte l’interdiction du port de signes religieux par le personnel enseignant, contribuera à accroître une méfiance injustifiée, disent-ils. Nous pensons qu’il vaut mieux combattre les préjugés et la peur de l’autre de manière rationnelle, par l’éducation à la diversité des expériences et des traditions religieuses, spirituelles et culturelles, plutôt que par des interdits.»
L’épiscopat laisse également entendre que la tentative in extremis du gouvernement de définir ce qu’est un signe religieux s’avère bancale et «ne fait qu’ajouter à la confusion».
«Nous pensons que le projet de loi 21, tel qu’il est rédigé actuellement, nourrira la crainte et l’intolérance, plutôt que de contribuer à la paix sociale», dit l’AECQ, qui affirme se préoccuper de la suite des choses. «Il faut saisir l’occasion de réduire la polarisation sociale actuelle par le dialogue.»
Vendredi matin, le gouvernement de François Legault a confirmé son intention de procéder à l’adoption des projets de loi 9 sur l’immigration et 21 sur la laïcité sous bâillon au cours de la fin de semaine des 15 et 16 juin.
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