Cela fait peut-être 30 ans que le cardinal Michael Czerny a quitté l’Université centraméricaine d’Amérique centrale, dirigée par les jésuites au Salvador, mais ce n’est pas un endroit qui l’a oublié.
Le jésuite canadien fraîchement créé cardinal est arrivé à San Salvador peu après le meurtre de sang-froid de six Jésuites, le 16 novembre 1989. Le massacre des prêtres, ainsi que de leur gouvernante et de sa fille adolescente, dans leur résidence universitaire, a eu lieu pendant la guerre civile brutale du Salvador qui a duré douze ans.
Malgré les dangers persistants, le père Czerny a assumé à l’époque le rôle de directeur de l’Institut des droits de l’homme de l’école, poste occupé par l’un des prêtres assassinés, le père Segundo Montes.
«Il a assumé la défense de ces droits avec courage à la fin de la guerre civile», a déclaré le père jésuite Rodolfo Cardenal dans un courriel au journal torontois The Catholic Register.
La témérité du cardinal Czerny, né en Tchécoslovaquie, éduqué et ordonné au Canada, a joué un rôle important dans le procès des soldats du gouvernement responsables de ces meurtres.
«Grâce à ses contacts au sein de la communauté internationale, un groupe de personnalités éminentes a assisté au procès et a ensuite témoigné de la fraude procédurale qui avait été commise», a souligné le père Cardenal.
Si le cardinal de 73 ans n’a pas été oublié au sein de cette université salvadorienne, l’inverse est aussi vrai. Le père Cardenal, également directeur du Centre Archevêque-Romero de l’institution, a confié que le 16 novembre de chaque année, le cardinal Czerny avait envoyé un message à l’université, connue sous le nom d’UCA au Salvador, peu importe où il se trouvait dans le monde.
«Le lien n’a pas été rompu. Pour l’UCA et pour lui-même, son passage ici a laissé une marque indélébile», a déclaré le père Cardenal.
C’est un refrain entendu de partout où le cardinal Czerny a mis son chapeau dans une carrière sacerdotale consacrée à la protection des marginaux de la société.
Le père jésuite Elphege Quenum décrit le temps qu’il a passé avec le cardinal Czerny au Réseau Jésuite Africain contre le SIDA à Nairobi, Kenya, comme «deux années riches». C’était en septembre 2003 et le père Quenum venait de terminer sa maîtrise en sciences sociales et commençait sa régence jésuite avec le futur cardinal.
«J’ai découvert un compagnon très dévoué à la cause des pauvres et des personnes vulnérables», a dit le père Quenum, qui dirige maintenant le programme.
Il a vu un homme «qui n’a pas ménagé» son énergie pour développer des solutions pour le bien des personnes vivant avec le VIH ou le SIDA en Afrique.
«Il avait l’habitude de dire: « C’est le temps de l’Église. Nous sommes appelés, en ce moment, à exprimer la proximité de l’Église avec les faibles et les personnes qui souffrent dans la société »», a dit le père Quenum.
Mgr Robert Vitillo, qui connait le cardinal depuis vingt ans, a vu ce sentiment d’urgence chez lui. Il a aussi vu aussi de l’humilité en lui et ne pense pas que le fait d’être fait cardinal le changera.
«Je ne pense pas que le cardinal Czerny considère cela comme une élévation», a déclaré Mgr Vitillo, secrétaire général de la Commission internationale catholique pour les migrations basée à Genève. «Dans son message aux amis et à la famille, il précise qu’il s’agit d’un appel du Saint-Père à un plus grand service et sacrifice pour l’Église.»
Selon Mgr Vitillo, cette nomination au Collège des cardinaux devrait être un appel «à garder à l’esprit les gens à la périphérie du monde et d’en faire le centre de notre vie de service».
«Je crois que l’appel du cardinal Czerny à un service plus grand et plus désintéressé attirera davantage l’attention sur le travail que nous faisons», a-t-il dit. «Je n’ai aucun doute que sa voix en tant que cardinal sera entendue avec plus d’acuité et d’ampleur, tant dans les couloirs du pouvoir que dans le cœur des gens forcés de quitter leurs foyers et leurs communautés locales et de ceux qui les servent.»
Mickey Conlon, The Catholic Register
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