Guy Marchessault le reconnaît volontiers. Il a vécu, depuis sa naissance, un «parcours incroyable, inimaginable pour mes ancêtres, et même pour mes parents».
Le professeur émérite de communications à l’Université Saint-Paul, aujourd’hui âgé de 75 ans, rappelle qu’il a grandi à Saint-Antoine-sur-Richelieu, «dans un rang sans électricité» et qu’il a fréquenté une «école de rang de trente-cinq enfants, elle aussi sans électricité».
«J’ai fait mes devoirs d’écoliers à la lampe à l’huile», a-t-il confié mardi dans l’allocution qu’il a prononcée après avoir reçu un prix Hommage de l’organisme Communications et Société.
En 1946, l’arrivée de l’électricité chez lui, à la campagne, sera la première manifestation des nombreuses innovations technologiques qui naîtront dans les décennies suivantes et qu’il utilisera constamment dans son travail de journaliste, de formateur et de professeur.
«Dans mon univers sont arrivés la radio, le téléphone, le tourne-disque électrique, la caméra Kodak, la télévision, le magnétophone à ruban, la dactylo électrique, la salle de rédaction d’un quotidien, le cinérama, l’holographie, le VHS, l’ordinateur portatif, le Web 1.0, puis le 2.0, le téléphone cellulaire portable et les lunettes à trois dimensions.»
«Et dans une seule vie», lance-t-il. «On en a fait du chemin depuis 75 ans.»
Des événements
Au-delà de tous ces outils de communications, le professeur Marchessault estime que deux événements majeurs «ont pimenté [sa] vie professionnelle en lui donnant une coloration précise».
Le premier sera le concile Vatican II, un moment charnière pour l’Église alors qu’«un vent frais entre par les fenêtres ouvertes».
Quant au second événement, il sera «plus ou moins glorieux», concède-t-il. Il s’agit de la Commission Dumont, qu’il a observée alors qu’il était journaliste à la pige auprès de l’hebdomadaire Dimanche-Matin.
Présidée par le sociologue Fernand Dumont, cette Commission d’étude sur les laïcs et l’Église a été instituée par les évêques canadiens en 1968 au lendemain de la crise qui a secoué les mouvements d’Action catholique.
«J’ai parcouru presque tous les diocèses du Canada français, parfois à plusieurs reprises, pour assister aux audiences publiques. J’ai écrit les deux premiers articles synthétisant les 800 mémoires reçus de quelque 35 000 croyants et croyantes», a-t-il raconté à Montréal avoir reçu son prix Hommage des mains de Sabrina Di Matteo, la présidente de Communications et Société.
«Déjà à l’époque, le diagnostic était évident. L’Église catholique se dirigeait tout droit vers la mise au ban publique, rejetée qu’elle était par toutes les couches de la société.»
Le rapport de la Commission Dumont estimait «qu’il était urgent de créer de nouveaux lieux pertinents de la foi en plein territoire social». Cette conclusion, Guy Marchessault la fait sienne. Elle guidera, jusqu’à aujourd’hui, ses engagements dans le monde des communications.
«Cette conviction m’a poussé à proposer la fondation d’un centre qui se situerait en plein cœur des débats dans la naissante Cité des ondes montréalaise». Le Centre St-Pierre est né en 1973 et continue d’offrir de la formation en communications aux organismes communautaires.
C’est en 1990 que Guy Marchessault deviendra professeur en communications à l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Là encore, il cherchera à «jeter de l’éclairage sur les difficiles relations entre les médias et la foi chrétienne».
Parmi les titres publiés par l’universitaire, mentionnons La foi chrétienne et le divertissement médiatique (PUL, 2007), Médias et foi chrétienne: deux univers à concilier (Fides, 2002) et Médias et foi chrétienne: l’image à l’épreuve de l’idolâtrie (Novalis, 1998). Son prochain livre, a-t-il confié, s’intéressera aux «questionnements déstabilisants que pose le Web aux Églises chrétiennes».
Lors de son assemblée générale annuelle, l’organisme Communications et Société remet des prix Hommage à des personnes ou à des institutions qui œuvrent dans le monde des médias et qui font la promotion de valeurs sociales ou religieuses.
En plus d’honorer Guy Marchessault, Communications et Société a remis mardi soir un prix Hommage à la Congrégation des Dominicains.
Le prieur provincial, André Descôteaux, a rappelé l’engagement de plusieurs membres de son ordre dans les médias. Il a mentionné les pères Benoît Lacroix (1915-2016) et Marcel-Marie Desmarais (1908-1994), ainsi que les religieux et les laïcs qui ont œuvré à la revue Maintenant et au site Web Spiritualité 2000.