L’Église catholique copte, en Égypte, se réjouit des élans de compassion et de solidarité de nombreux musulmans à l’endroit des chrétiens égyptiens au lendemain d’une vague d’attentats perpétrés par le groupe armée État islamique (EI) contre les coptes de la région du Sinaï.
L’Église a invité les chrétiens égyptiens à faire les distinctions qui s’imposent entre les fanatiques religieux et les musulmans ordinaires.
«Les musulmans ordinaires sont bienveillants. Ils s’efforcent de venir en aide à autrui chaque fois qu’ils le peuvent, avec les moyens du bord. Ils sont souvent les premiers à arriver sur les lieux [d’un attentat], à secourir les blessés et à les transporter jusqu’à l’hôpital le plus proche», affirme son porte-parole, le père Rafic Greiche.
Le père Greiche rappelle que les attentats terroristes ont exclusivement ciblé les coptes de confession orthodoxe. À Ismaïlia, dans le nord du Sinaï, les coptes catholiques ont ouvert leurs églises et leurs écoles afin d’héberger les familles orthodoxes fuyant les violences.
Selon le père Greiche, des milices affiliées à l’EI sont «solidement implantées» dans le nord du Sinaï, depuis que les Frères musulmans et le Hamas leur ont permis transiter vers l’Égypte à partir de la bande de Gaza, à l’aide de leur réseau de tunnels souterrains.
Le porte-parole de l’Église copte catholique recommande aux civils de s’éloigner des régions contrôlées par les militaires, celles-ci étant «continuellement attaquées» par les milices de Daech. Le père Greiche estime toutefois que les autorités égyptiennes sont déterminées à protéger les minorités chrétiennes contre la violence de ces combattants.
«Vous ne pouvez jamais baisser votre garde face aux attaques des terroristes et des djihadistes, lesquelles peuvent surgir au moment où vous vous y attendez le moins, comme pour la plupart des actes criminels», ajoute le prêtre. «Bien qu’aucun pays ne puisse prétendre être entièrement sécuritaire, je crois que le gouvernement est déterminé à agir avec célérité contre ces tentatives répétées de déstabilisation de l’Égypte», dit-il.
Selon Anba Angaelos, évêque du diocèse copte orthodoxe de la Grande-Bretagne, une quarantaine de coptes ont été assassinés en Égypte, entre décembre 2016 et février 2017.
«Ces actes horribles ont été largement ignorés par la communauté internationale. Or, les coptes subissent jour après jour des agressions tragiques», affirmait l’évêque copte britannique, dans un communiqué émis le 28 février.
Selon Mgr Angaelos, plusieurs dizaines «de civils, de militaires et de policiers égyptiens ont perdu la vie au cours de cette vague d’attentats terroristes».
L’Église catholique copte d’Égypte compte près de 200 000 membres, eux-mêmes répartis en quatorze diocèses. L’Église copte répond également aux besoins liturgiques et pastoraux des catholiques de rite latin, melkite, arménien, chaldéen, maronite et syriaque.
L’Église copte orthodoxe a été fondée au Ier siècle et serait attribuable à la mission d’évangélisation de saint Marc en Égypte. Les coptes orthodoxes sont nettement plus nombreux que leurs homologues catholiques: ils forment près de 10% de la population égyptienne totale de 82,5 millions de personnes.
Le 27 février, le président égyptien, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, a condamné les attentats perpétrés au Sinaï, les qualifiant «de conspiration lâche orchestrée par des personnes à l’esprit maléfique qui veulent saper l’unité nationale et la confiance des citoyens envers l’État [égyptien]». Il a alors ordonné aux autorités militaires, au ministère de l’Intérieur et aux agences de renseignement de «résister à tout ce qui pourrait menacer la stabilité et la sécurité» du pays.
Dans un rapport publié le 1er mars, Amnistie internationale reprochait toutefois au gouvernement égyptien de ne pas avoir «pris les mesures nécessaires pour protéger les chrétiens dans le nord du Sinaï qui, depuis trois ans, sont de plus en plus la cible d’enlèvements et d’assassinats imputables à des groupes armés».
Jonathan Luxmoore, Catholic News Service
Trad. et adapt. F. Barriault, pour Présence