Les députés de la Chambre des communes ont probablement signé, lundi soir, l’arrêt de mort du Bureau de la liberté de religion.
C’est la conclusion qu’ont tirée le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) et l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA) lorsqu’une motion sur le maintien du Bureau de la liberté de religion a été rejetée par les deux tiers des parlementaires canadiens.
Lundi, le député albertain Garnett Genuis a présenté une motion demandant que «la Chambre appelle le gouvernement à renouveler le mandat actuel du Bureau, puisque la poursuite de son travail essentiel est plus nécessaire que jamais». Le mandat du Bureau, un organisme lancé en février 2013 par le gouvernement conservateur de Stephen Harper, se termine le 31 mars.
Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, s’est opposé à la motion du député conservateur. Bien que tous les députés accordent «de l’importance à l’universalité de la liberté de religion», a-t-il dit, ils doivent «trouver la meilleure façon pour le Canada de défendre la liberté de religion partout dans le monde».
«Si les conservateurs tenaient tant à ce bureau, pourquoi n’ont-ils pas garanti sa viabilité lorsqu’ils l’ont créé?», a ensuite demandé le ministre Dion. «Dans leur propre plan budgétaire, ils ont prévu que le mandat du Bureau arriverait à échéance le 31 mars. Puisque le mandat actuel du bureau prendra fin le 31 mars, le gouvernement ne peut pas voter en faveur de la motion.»
«Le Canada est solidaire de tous ceux qui sont victimes d’oppression ou dont la vie est menacée en raison de leurs croyances. Pour que nous puissions défendre et promouvoir plus efficacement la liberté de religion, nous devons choisir les meilleurs outils et méthodes. Il n’est pas certain que le renouvellement du mandat du Bureau de la liberté de religion dans sa forme actuelle est la meilleure méthode qu’il faut privilégier», a ajouté le ministre des Affaires étrangères.
Les députés ont voté lundi en soirée sur la motion du député Genuis. Sans surprise, les députés conservateurs ont voté en faveur alors que les députés libéraux et néo-démocrates ont voté contre. Elle a été battue par 225 voix contre 90.
Des réactions
«Nous sommes déçus d’apprendre par les nouvelles que le mandat du Bureau de la liberté de religion ne sera pas renouvelé», a réagi Carl Hétu, directeur national de l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA).
Il rappelle que «la protection des libertés religieuses dans le monde est une importante priorité aux yeux des Canadiens». Aussi espère-t-il «qu’à l’avenir, le gouvernement continuera d’en rendre compte de quelque autre manière explicite dans sa politique étrangère».
David J. Cape, président du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), a aussi exprimé sa déception devant le résultat du vote de lundi.
«La liberté de religion est une valeur canadienne capitale et un droit humain universel», a-it-il déclaré. «Alors que la persécution prend diverses formes à l’étranger, des millions de personnes issues de minorités religieuses vulnérables font face à des menaces uniques et croissantes.»
«Nous sommes déçus que le mandat du Bureau de la liberté religieuse ne soit pas renouvelé», a ajouté le président de CIJA dès que le résultat du vote de lundi a été connu.
Il estime que «le Bureau a joué un rôle dans l’unification des diverses communautés religieuses au Canada, y compris les Juifs, les chrétiens, les musulmans et les sikhs, entre autres, afin de travailler ensemble en tant que partenaires pour cette cause vitale».
Enfin, Aide à l’Église en Détresse Canada (AED) a réagi mercredi à cette nouvelle. «Si ce Bureau est aboli, c’est sûr que ce sera une très grosse déception», a expliqué Marie-Claude Lalonde, directrice générale de la branche canadienne de l’AED.
Elle estime que le Bureau est appelé à «jouer un rôle de premier plan dans la promotion et l’éducation concernant le dialogue entre les religions, la promotion de la liberté religieuse et l’éducation concernant la persécution religieuse».
«J’espère que le ministère Affaires mondiales Canada saura tenir compte, de manière claire, de ces dimensions, et en particulier la liberté religieuse, dans ses projets et initiatives», dit-elle.
Andrew Bennett
Le responsable du Bureau de la liberté de religion, l’ambassadeur Andrew Bennett, n’a pas commenté le vote de lundi.
Actif sur Twitter, c’est le 7 mars que l’ambassadeur, nommé à ce poste par le gouvernement conservateur, a publié son dernier tweet. «Je me réjouis à la perspective de prier avec la congrégation BethTzedec lors du prochain Sabbat», avait-il écrit, en route vers Toronto.
Mercredi soir, toutefois, il prononcera une conférence intitutlée Un Bureau de la liberté de religion au Canada, pourquoi faire? à l’Université Saint-Paul d’Ottawa
La faculté de théologie, organisatrice de cette conférence, mentionne que «l’ambassadeur Bennett est un ancien étudiant de l’Université Saint-Paul».