Les évêques catholiques du Rwanda ont présenté en fin de semaine leurs excuses pour le génocide qui a fait plus de 800 000 morts entre avril et juillet 1994. Le mea culpa, qui survient vingt-deux ans après les faits, a été émis à l’occasion de la clôture du Jubilé de la miséricorde.
Tous les évêques du pays ont signé le document de trois pages lu à travers les églises catholiques rwandaises dimanche. Le texte – uniquement disponible en kinyarwanda – sera traduit en français et en anglais, les deux autres langues officielles du Rwanda.
Présenté en 14 points, le document demande «pardon» pour le rôle qu’ont joué des membres de l’Église rwandaise à l’époque, et particulièrement pour les pasteurs qui ont «semé des graines de haine», rapporte le journal français La Croix.
Critiquée pour ses sympathies envers le régime hutu, l’Église reste sur la sellette pour les massacres des Tutsis. Des prêtres et des religieux doivent encore faire face à la justice pour le rôle qu’ils ont joué il y a 22 ans. Les autorités catholiques – de Rome à Kigali – ont toujours indiqué n’avoir jamais encouragé ou commandité de crimes.
Le président de la conférence épiscopale rwandaise, Mgr Philippe Rukamba, évêque de Butare, a précisé à RFI que la demande de pardon concernait «tous les chrétiens qui ont été impliqués dans le génocide» et qu’elle visait donc davantage des individus que l’institution.
En marge de l’Assemblée spéciale du Synode des évêques pour l’Afrique, en avril 1994, le pape Jean-Paul II avait dénoncé les violences en cours au Rwanda, devenant l’un des premiers dirigeants mondiaux à le faire. Lors du centenaire de l’Église rwandaise en 2000-01, les évêques des neuf diocèses du pays avaient présenté des excuses, que plusieurs avaient jugées insuffisantes à l’époque.
Mgr Rukamba aussi confié à RFI que les évêques présenteront à nouveau des excuses en 2019 pour les 25 ans du génocide.