Toutes les messes du samedi soir, du dimanche et les célébrations dominicales de la parole sont annulées au Québec, a annoncé l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) dans l’après-midi du 12 mars. Elle réagissait ainsi à l’annonce du gouvernement du Québec d’interdire tous les rassemblements de 250 personnes ou plus.
«Réunis en assemblée plénière, les évêques catholiques du Québec veulent contribuer à cet effort commun de santé publique et agir en solidarité avec les autorités», écrit l’AECQ.
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«Compte tenu de l’impossibilité, à bien des endroits, de gérer la limite de 250 personnes rassemblées, compte tenu également du fait qu’un grand nombre de nos paroissiens sont âgés de plus de 65 ans et sont de ce fait davantage à risque de contracter le virus, à titre préventif, nous avons décidé pour tous les diocèses et les églises catholiques de rite oriental la mise en place des dispositions ci-dessous», poursuit l’assemblée.
Outre l’annulation des principales messes des fins de semaine, les évêques annoncent que les églises demeureront accessibles pour les plus petits rassemblements et pour les visites personnelles.
L’AECQ invite «les gens à s’unir en Église avec leurs frères et sœurs» en écoutant la messe télévisée et en soulignant le dimanche à la maison, «par la lecture de la Parole de Dieu en utilisant leur bible ou les ressources accessibles sur le web».
Ces mesure sont mises en place «jusqu’à nouvel ordre». «D’autres directives pourront être communiquées en temps et lieux», ajoute encore l’AECQ.
Les évêques disent prier pour les personnes affectées ou qui croient l’être, de même que pour le personnel médical.
Plus tôt dans la journée, l’archidiocèse de Sherbrooke s’apprêtait à envoyer de nouvelles directives plus strictes aux diverses paroisses sur son territoire. Celles-ci demandent notamment de vider les bénitiers, de ne pas inviter les gens à se serrer la main lors de l’échange de la paix pendant les liturgies, à cesser de donner la communion sur la bouche et à faire en sorte que les ministres de la communion se lavent scrupuleusement les mains avant et après.
«La situation évolue rapidement. On reste à l’affût. Le but est toujours de suivre les recommandations du gouvernement», expliquait Eliane Thibault, responsable des communications pour l’archidiocèse de Sherbrooke.
Du côté du diocèse de Nicolet, la responsable des communications, Jacinthe Lafrance, confirme que des directives de prudence seraient données aux clercs, notamment en matière d’hygiène.
«Dans le diocèse de Nicolet, certains rassemblements dominicaux atteignent ou dépassent le nombre critique de 250 personnes, principalement dans les paroisses les plus populeuses de Drummondville (Saint-François-d’Assise) et de Victoriaville (Sainte-Victoire). En outre, cela se produit surtout dans les églises les plus fréquentées de ces paroisses, soit l’église Sainte-Victoire à Victoriaville et la basilique Saint-Frédéric à Drummondville. Les directives de l’Assemblée des évêques du Québec doivent néanmoins s’appliquer à l’ensemble des paroisses du diocèse de Nicolet», dit-elle. «Les autorités diocésaines feront un suivi très bientôt en ce qui concerne d’éventuelles directives concernant les baptêmes et les funérailles à l’église.»
De côté de l’archidiocèse de Québec, on indiquait que le hasard a voulu que cette situation survienne alors que les évêques sont rassemblés en plénière au Cap-de-la-Madeleine, et que cela leur permettait de pouvoir en discuter franchement entre eux.
«Comme archidiocèse, nous voulons aussi offrir une vision pastorale qui puisse être vecteur d’espérance pour nos gens, et pas seulement contribuer à la panique», soulignait la directrice des communications, Valérie Roberge-Dion.
Rien de particulier n’a encore été dit au sujet de Pâques et des jours saints qui rassemblent habituellement des assemblées nombreuses. Idem pour les grands sanctuaires québécois, qui sont présentement en réflexion.
Le titulaire de la Chaire Religion, spiritualité et santé, le professeur Guy Jobin de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, accueille cette annonce avec flegme.
«C’est d’abord le signe que le discours des autorités de la santé publique est entendu au Québec, et c’est tant mieux», dit-il. «Dans un tel cas, il faut savoir être mesuré, sans banaliser et sans négliger la prévention.»
Selon lui, rien ne sert de suranalyser les implications théologiques de telles mesures, qui «ne remettent pas en cause la théologie sacramentaire».
«Il faudra évaluer les pratiques après coup, voir si ça peut mettre en marche d’autre manières de faire ou d’être. Mais commençons par vivre cela », invite-t-il.
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