Issu d’une famille catholique irlandaise de Montréal, le député ontarien Erin O’Toole est devenu le chef de l’opposition officielle en étant porté à la tête du Parti conservateur du Canada (PC) le 24 août.
Bien qu’il ne soit pas un conservateur social, il retient l’attention des citoyens de cette mouvance, qui veulent qu’il reconnaisse le rôle qu’ils ont joué dans son élection.
O’Toole s’est largement tenu à l’écart des questions comme le suicide assisté et l’avortement pendant la campagne à la direction du PC. Mais dans une vidéo qui a fait l’objet d’une fuite en juin, il déclarait aux conservateurs sociaux du Québec qu’il voterait «probablement» contre une législation visant à étendre le suicide assisté, en disant qu’en tant que catholique et avocat, il a «beaucoup d’incertitudes» sur l’euthanasie.
Le PC fédère des Canadiens aux opinions conservatrices diverses, depuis les conservateurs sociaux, qui ont des vues traditionnelles sur des questions comme la famille, la religion et les questions de vie, jusqu’aux conservateurs fiscaux plus préoccupés par la limitation des dépenses du gouvernement. Alors que les conservateurs sociaux se sont profondément opposés aux positions prises par O’Toole sur les questions sociales, leur opposition à l’autre favori, Peter MacKay, s’est accentuée en raison d’un commentaire fait par MacKay après la dernière élection fédérale, selon lequel les questions sociales conservatrices nuisaient au parti.
O’Toole a déclaré qu’il ne rouvrirait pas le débat sur l’avortement, mais qu’il laisserait les membres du caucus conservateur se faire leur propre opinion sur ce qu’il a appelé les «questions morales».
En 2016, il a soutenu le projet de loi C-225, surnommé «Cassie et Molly», qui entendait modifier le Code criminel afin «d’ériger en infraction le fait de blesser un enfant à naître ou de causer sa mort en perpétrant ou en tentant de perpétrer une infraction contre une femme enceinte et d’ajouter aux circonstances aggravantes, dans le cadre de la détermination de la peine, le fait que la victime soit enceinte».
Il a également déclaré récemment à l’organisation pro-vie Right Now qu’il soutenait la politique de l’ancien premier ministre Stephen Harper de ne pas utiliser l’aide étrangère du Canada pour financer l’avortement.
Ces positions, qui distinguent O’Toole de MacKay, ont été notées par certains groupes comme Right Now. Les organisations pro-vie soulignent que sur les quatre premiers candidats à la direction du PC, deux fortement soutenus par des organisations sociales conservatrices ont obtenu plus de 35% des voix au premier tour.
«Contrairement au discours rouge [libéral] des conservateurs et des médias qui rejettent les candidats socialement conservateurs, ces résultats prouvent que les candidats pro-vie et pro-famille […] qui n’ont pas peur de défendre les questions relatives à la vie et à la famille peuvent obtenir un soutien solide et être des candidats», a déclaré Jeff Gunnarson, président national de Campaign Life Coalition.
«Nous espérons qu’Erin O’Toole veillera à ce que les conservateurs sociaux soient respectés et leurs valeurs représentées au sein du parti à l’avenir», a ajouté M. Gunnarson.
«S’il ne respecte pas les dizaines de milliers de membres de la base, il perdra certainement les prochaines élections générales. Tout le monde sait qu’on ne peut pas gagner une élection générale sans sa base», a-t-il déclaré.
L’appel lancé à M. O’Toole pour qu’il tienne compte des préoccupations des membres de la mouvance sociale conservatrice est repris par d’autres organisations qui souhaitent que les lois canadiennes inexistantes en matière d’avortement soient au moins débattues à la Chambre des communes à l’avenir.
L’organisation pro-vie We Need A Law attend de M. O’Toole qu’il honore son engagement de permettre aux législateurs conservateurs en place de voter comme ils le souhaitent sur les questions de conscience.
«M. O’Toole doit veiller à ce que le Parti conservateur fasse de la place et respecte les pro-vie qui ont contribué à le faire élire comme chef», a déclaré Tabitha Ewert, porte-parole de We Need a Law.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada, a clairement indiqué que les députés libéraux doivent soutenir la position pro-choix du parti lors des votes aux Communes, quelles que soient leurs convictions personnelles ou religieuses.
Brian Dryden
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