Le président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, Mgr Rino Fisichella, était de passage au Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap le 14 août pour prononcer une conférence sur la nouvelle évangélisation. Le prélat en a profité pour insister sur le rôle des sanctuaires comme lieux «privilégiés» où il est possible de «montrer la miséricorde de Dieu».
Le Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap avait invité Mgr Fisichella à venir s’exprimer sur la nouvelle évangélisation en marge de la publication par le pape François l’an dernier du motu proprio Sanctuarium in Ecclesia qui transférait les compétences sur les sanctuaires de la Congrégation pour le clergé au Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation.
Le recteur du sanctuaire de Notre-Dame-du-Cap, Mgr Pierre-Olivier Tremblay, a plusieurs fois indiqué ces dernières années que les sanctuaires ont aujourd’hui un rôle primordial pour évangéliser, alors qu’une foule bigarrée continue de les fréquenter.
Lors de la conférence de mardi, il en a profité pour demander à Mgr Fisichella pourquoi Rome a voulu procéder à un tel transfert de responsabilité.
«Parce que ce sont des lieux d’évangélisation privilégiés où on peut donner et montrer miséricorde de Dieu, a-t-il répondu. Où l’accueil devient la forme pour la rencontre, où on peut célébrer des sacrements pour tous.»
Il a poursuivi en rappelant que le pape François voue un respect particulier pour la piété populaire, et que les sanctuaires sont souvent des «signes concrets» de ce type de pratique. «Et c’est pour cela qu’il faut prendre le sens religieux du peuple pour l’expliciter et le vivre dans les sanctuaires.»
Nouvelle évangélisation
Plus la conférence avançait, plus l’archevêque, d’abord réservé, parlait avec fougue. Tribun dans l’âme, il s’exprimait aisément en français, ne butant que sur de rares mots. Et si de l’aveu même des organisateurs le contenu n’était pas nécessairement inédit, la livraison convaincante de Mgr Fisichella a semblé plaire à la centaine de personnes venues l’écouter.
«L’évangélisation d’aujourd’hui, mais c’est l’évangélisation de toujours», a-t-il lancé, rappelant que celle-ci émane des grandes questions du sens de la vie. «À toutes les époques, les hommes ont cherché Dieu», a dit Mgr Fisichella. «Mais pour une fois, Dieu est venu me chercher: il s’est fait homme, m’a parlé dans la langue que je peux comprendre. M’a expliqué ce que signifie l’amour de Dieu. C’est cela la nouvelle évangélisation.»
L’expression revenue à la mode au tournant de la décennie circule dans les milieux catholiques depuis quelques décennies. Paul VI, puis Jean-Paul II, y ont notamment fait allusion. En 2010, Benoît XVI a créé le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, qu’il a confié à Mgr Fisichella. Deux ans plus tard, le Vatican a organisé à Rome le Synode des évêques sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne.
La nouvelle évangélisation est souvent présentée comme la nécessité d’offrir le même contenu, mais avec une ferveur et une pertinence renouvelées.
S’adresser à la culture d’aujourd’hui
Aux yeux du prélat, elle s’adresse tout d’abord aux croyants qui ne peuvent faire autrement que de se mettre à annoncer leur foi si celle-ci bouleverse véritablement leur vie.
«Le Christ est toujours le même. Mais la culture, le monde, la société, nous-mêmes, nous changeons.» Il a donné comme exemple le développement spectaculaire des téléphones intelligents, soulignant à quel point ils modifient nos habitudes. «Si je change la manière de parler, je change aussi la manière de vivre. C’est conséquent. Alors de quelle façon annoncer, dans cette culture, Dieu?»
Il a appelé à commencer la nouvelle évangélisation «à genoux», par la contemplation et le silence.
«Mes frères, nous ne sommes pas la religion du livre. Nous sommes la religion de la Parole», a-t-il tonné. «C’est autre chose. La Parole reste vivante parce que la révélation de Dieu est Parole qui est donnée, qu’il faut toujours comprendre d’une manière nouvelle. Autrement, on va tomber dans le fondamentalisme.»
Poursuivant son propos sur la Bible, il a présenté l’histoire de Philippe, dans les Actes des apôtres, comme l’exemple parfait de l’évangélisateur.
«Philippe était assis à table et l’Esprit lui dit: lève-toi. Pour être évangélisateur, on ne peut pas rester assis sur la chaise. Allez!», a-t-il exhorté, poussant malgré lui quelques personnes à se lever, avant de leur demander en riant de se rassoir. «Ne dit pas: viens à la paroisse. Dis: je viens te trouver chez toi. L’évangélisateur se lève, il va sur la route, il va rencontrer. Il va faire quoi? Écouter.»
Au lendemain de sa conférence, Rino Fisichella présidait la messe solennelle de l’Assomption à la basilique du Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap.