«Dans les zones rouges, à partir du vendredi 26 mars, les salles de spectacle, incluant les théâtres, vont être ouvertes», a déclaré mardi le premier ministre François Legault, en affichant un large sourire.
Attentifs aux propos du premier ministre, les membres de la Table interreligieuse de concertation espéraient, ce 16 mars 2021, que les prochains prochains assouplissements que le premier ministre allait annoncer lors de sa conférence de presse concerneraient les églises, les synagogues et les mosquées.
«Toujours le 26 mars, pour les lieux de culte dans les zones rouges, le nombre maximum va passer à… 25 personnes», a alors lancé le premier ministre.
«Ce n’est pas beaucoup», a-t-il aussitôt reconnu, comme s’il entendait déjà la réaction des leaders religieux québécois qui souhaitent être soumis au même régime que les responsables des cinémas et des salles de spectacle. D’ici le 26 mars, les lieux de culte situés en zone rouge ne peuvent accueillir qu’un maximum de 10 personnes.
Mardi, François Legault a expliqué pourquoi il a pris cette décision. «La Santé publique nous dit que, dans les lieux de culte, comme les églises, les synagogues et les autres, les gens se connaissent plus. Donc, il y a un risque plus grand de contacts. C’est pour ça que le nombre est à 25, alors que, dans les théâtres et dans les cinémas, c’est 250.»
250 personnes dans une salle de spectacle, c’est «dix fois plus qu’un lieu de culte, et ce, quelle que soit la taille de ce dernier», s’exclame Mgr Pierre Murray, le modérateur de la Table interreligieuse. «Puisqu’il s’agit de rassemblements qui présentent des caractéristiques semblables, cela nous semble objectivement inéquitable».
«Devant un tel écart, il se dégage une forte impression d’incohérence», ont aujourd’hui déclaré les membres de la Table dans une déclaration publique.
«On est facilement porté à y voir de l’incompréhension, sinon de la discrimination à l’égard des Québécoises et des Québécois dans la vie desquels la religion joue un rôle essentiel», estiment ces leaders chrétiens, juifs et musulmans.
Ils réclament que le premier ministre révise sa décision et permette, dès le 26 mars, «qu’un nombre égal de personnes soient autorisées dans une salle de spectacle ou dans un lieu de culte».
«La Table persiste à croire qu’il serait plus simple de calculer le nombre de personnes admissibles dans un lieu en fonction d’un pourcentage sa capacité maximale, dans le respect d’une distance physique acceptable», ont aussi conseillé les chefs religieux au Dr Horacio Arruda, le directeur national de santé publique, qu’ils ont rencontré mercredi midi.
«On a aussi dit au Dr Arruda qu’on ne trouvait pas très convaincant l’argument du premier ministre» sur les contacts physiques qui seraient supposément plus nombreux dans les lieux de culte que dans les cinémas ou les théâtres.
«Y a-t-il une étude sérieuse qui ait été faite afin d’évaluer le degré de socialisation dans un lieu ou l’autre?», a demandé Mgr Murray au Dr Arruda. Il croit plutôt que les responsables de la santé publique méconnaissent le déroulement des cérémonies hebdomadaires qui se tiennent dans les églises, les synagogues ou les mosquées.
«S’ils participaient à un événement régulier, ils se rendraient compte que les gestes de socialisation dans ces lieux ressemblent davantage à des signes de tête ou de main faits à bonne distance.»
Mardi, le premier ministre Legault a aussi annoncé que trois régions passeraient en zone jaune (préalerte) le vendredi 26 mars.
Dans ces régions, les lieux de culte seront ouverts et toutes les activités religieuses pourront accueillir 250 personnes maximum. Pour les mariages et les funérailles, la participation autorisée sera toutefois limitée à 50 personnes.
«On accepte cette mesure pour des événements comme des mariages ou des funérailles», dit Mgr Murray. «On comprend que, dans ces occasions, tristes ou joyeuses, les rapprochements physiques risquent d’être plus nombreux.» Mais les événements réguliers ne sont pas propices à de tels comportements.
Les membres de la Table aimeraient bien convaincre les conseillers du premier ministre Legault qu’il n’y a pas plus de risques à assister à la projection d’un film qu’à prendre part aux prières du vendredi, du samedi ou du dimanche dans un lieu musulman, juif ou chrétien.
«Le Dr Arruda a reçu à froid nos réactions. Il se doutait bien qu’on ne serait pas contents de l’annonce du premier ministre», dit le modérateur de la Table interreligieuse.
Le directeur national de santé publique a aussi déclaré que «d’autres modifications seront annoncées prochainement». Avant Pâques, le dimanche 4 avril? Après Pâques? demande le journaliste. «Prochainement», répète Mgr Murray.
Limites dans les lieux de culte – récapitulatif
Palier 2 – préalerte (zone jaune) – dès le 26 mars
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Côte-Nord, Nord-du-Québec.
Lieux de culte ouverts, mais toutes les activités sont limitées à 250 personnes maximum. Les mariages et les funérailles sont limités à 50 personnes
Palier 3 – alerte (zone orange)
Bas-Saint-Laurent, Abitibi-Témiscamingue, Saguenay – Lac-Saint-Jean, Outaouais, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, Estrie et Mauricie–Centre-du-Québec, ainsi que les trois régions précédentes d’ici le 26 mars.
Lieux de culte ouverts, mais toutes les activités religieuses sont limitées à 100 personnes maximum. Les mariages et les funérailles sont limités à 25 personnes.
Palier 4 – alexte maximale (zone rouge)
Montréal, Laval, Laurentides, Lanaudière et Montérégie.
Lieux de culte ouverts. Maximum de 10 personnes, à l’exception des funérailles qui sont limitées à 25 personnes au maximum. À compter du 26 mars, les lieux de culte pourront accueillir un maximum de 25 personnes.
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