Selon le directeur national de la santé publique, le docteur Horacio Arruda, c’est surtout la littérature scientifique et les rassemblements complémentaires aux cérémonies religieuses qui auraient poussé le gouvernement à faire passer la limite de personnes autorisées à l’intérieur des lieux de culte de 250 à 50, voire à 25 pour les zones «oranges».
Lors d’une conférence de presse à Québec le mardi 22 septembre, le docteur Arruda a avancé que «dans la littérature, on reconnaît très bien que les cérémonies religieuses sont des génératrices de cas», davantage que dans des salles de spectacle.
Il a fait valoir que lors de célébrations religieuses, il peut y avoir des «rapprochements» et des «communions», notamment à l’extérieur de la cérémonie religieuse comme telle. C’est cette socialisation périphérique qui semble inquiéter davantage le directeur de la santé publique. Cette dynamique fait donc des lieux de culte des endroits différents des salles de spectacle, «où on s’installe, on voit le spectacle, on enlève notre masque, on est à deux mètres de distance, et on ressort», a-t-il dit.
«Habituellement, on ne fait pas de rassemblement ou de fête consécutive à ça», a-t-il aussi ajouté.
Il faisait ainsi référence au fait que plusieurs croyants ont manifesté leur incompréhension de voir les lieux de culte être traités différemment des salles de spectacle. Ces dernières peuvent encore continuer d’accueillir jusqu’à 250 personnes.
Le docteur Arruda a de plus précisé que les autorités sanitaires auront l’occasion d’en discuter avec la Table interreligieuse pour «leur expliquer clairement la situation».
Il n’a donné aucun exemple d’éclosion pour un lieu de culte au Québec.
Décision injustifiée, selon les leaders religieux
La veille, les membres de cette Table, dont les président et vice-président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Mgr Christian Rodembourg et le cardinal Gérald Lacroix, ont manifesté leur étonnement devant l’annonce de dimanche soir, affirmant que les leaders religieux n’avaient été ni avertis ni consultés au préalable.
Toute la journée lundi, ils ont insisté pour dire qu’il n’y a pas eu d’éclosion de COVID-19 liée aux lieux de culte, et que les divers groupes religieux de la province ont toujours respecté les protocoles sanitaires depuis le début de la pandémie.
Les leaders religieux sont revenus à la charge mardi en rendant publique la plus récente version du protocole sanitaire qui régit les lieux de culte, qui date du 4 août 2020. Depuis la réouverture des églises, temples, mosquées et synagogues le 22 juin, des milliers de services religieux ont eu lieu, disent-ils. Les mesures ont été appliquées à la lettre, assurent-ils. «Cela a pour résultat qu’à ce jour, à notre connaissance, aucune éclosion n’a été répertoriée dans nos milieux.»
«Il n’est d’ailleurs pas rare que des membres du personnel de la santé présents à un service religieux expriment leur reconnaissance et soulignent que nous en faisons plus que nécessaire», souligne la Table.
Réitérant leur «incompréhension» devant les nouvelles limites imposées par Québec, ils estiment que «rien ne justifie de telles mesures».
«Dans ce contexte, les leaders religieux du Québec demandent au gouvernement d’expliquer pourquoi il impose des mesures aussi strictes aux activités dans les lieux de culte alors que rien ne le justifie», dit la Table, qui redemande au gouvernement de revoir cette décision et de s’engager à faciliter les communications entre les autorités publiques et les représentants religieux.
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