«Demeurons solidaires de l’effort collectif dans la lutte contre la COVID, mais réclamons un traitement équitable pour les communautés de foi», a déclaré sur Twitter le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec.
Rappelant que l’accès dans les lieux de culte, en zone rouge, est limité à 10 personnes, le primat de l’Église canadienne déplore qu’il sera bientôt permis «de se rassembler à 250 au cinéma».
Cette inégalité de traitement, «les croyants et croyantes n’arrivent pas à [la] comprendre», écrit-il dans un message déposé dans le site Web de l’archidiocèse de Québec.
«Aujourd’hui, il m’est plus difficile d’exprimer ma solidarité avec les décisions annoncées, car elles m’apparaissent déraisonnables et inéquitables envers les communautés de foi», écrit-il, en référence à ses propos d’il y a quelques semaines où il jugeait «nécessaire» la fermeture des églises.
Le gouvernement Legault, en annonçant la semaine dernière la réouverture des salles de cinémas dès le 26 février et en omettant d’augmenter le nombre de personnes pouvant entrer dans une église, a pris des décisions déraisonnables et inéquitables, «des décisions « deux poids deux mesures »».
«Comment expliquer le fait qu’une famille traversant un deuil se voit ainsi limitée pour accompagner à l’église un être cher et lui offrir des funérailles chrétiennes alors que, parfois dans le même quartier, il est possible de se rassembler à 250 dans un cinéma?»
Le cardinal Lacroix demande aux catholiques de ne pas «demeurer silencieux devant les décisions prises par les autorités» et les encourage à «faire connaître leurs préoccupations et leurs questionnements aux élus qui les représentent et aux personnes responsables».
Ouverture immédiate à 33 %
Samedi, le diocèse de Saint-Hyacinthe a demandé, à la une de son site Web, la réouverture des églises à 33% de leur capacité d’accueil.
«Le gouvernement du Québec vient d’autoriser un maximum de 250 personnes dans les salles de cinéma à compter de la semaine de relâche scolaire. Nos églises, elles, demeurent toujours limitées à 10 personnes seulement», écrit-on. Cette décision est «aussi inacceptable qu’injustifiable».
Les paroisses «sont victimes d’une discrimination flagrante», déplore ce message signé par Luc Benoit, le responsable des communications du diocèse.
Le message diocésain est accompagné d’une lettre-type que les catholiques sont invités à envoyer aux huit députés dont les comtés font partie des limites du diocèse de Saint-Hyacinthe. Ces députés sont tous membres de la Coalition Avenir Québec, le parti au pouvoir. Dans les milieux catholiques québécois, une telle tactique était davantage associée à des campagnes de l’ONG Développement et Paix ou à des groupes militants pro-vie.
«Merci de nous représenter auprès du gouvernement Legault et d’y défendre énergiquement les besoins, y compris les besoins spirituels, de vos électrices et électeurs», propose-t-on d’écrire à ces élus. «Merci de porter attention, surtout en temps de pandémie, à ce que toutes et tous soient traités de façon équitable.»
Dans la lettre aux députés proposée par le diocèse de Saint-Hyacinthe, on trouve aussi une demande très précise. Aucun autre diocèse québécois ne l’avait encore formulée.
Les députés devraient «intervenir rapidement auprès du gouvernement Legault afin que nos églises puissent réouvrir immédiatement au tiers (33 %) de leur capacité d’accueil dans le plus grand respect des mesures sanitaires en vigueur».
Le diocèse de Saint-Hyacinthe est dirigé par Mgr Christian Rodembourg. Cet évêque est aussi le président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ). Au moment de publier, Mgr Rodembourg n’avait toujours pas répondu aux demandes de Présence.
Archevêque de Sherbrooke, Mgr Luc Cyr a accordé lundi des entrevues à différents médias régionaux sur la réouverture des églises de l’Estrie. Sans demander spécifiquement aux citoyens d’écrire à leurs députés, il a néanmoins souhaité que le gouvernement Legault permette aux catholiques «d’occuper 30 pour cent de l’espace des églises».
Cri du cœur
Le mercredi des Cendres, l’archevêque de Montréal se désolait que seules 10 personnes par paroisse aient pu participer aux célébrations organisées pour la première journée du carême. Les autorités devraient reconnaître qu’il y a «tout de même moins de risques dans une église que dans un centre d’achats».
«Bien sûr que le gouvernement a des décisions très délicates et difficiles à prendre. Mais si chaque église pouvait recevoir 30 % de sa capacité, il me semble que ce serait de bon aloi», a déclaré Mgr Christian Lépine.
Il souhaite que le gouvernement «entende le cri du cœur des citoyens» qui ont lancé la pétition «Chrétiens, sauvons Pâques». Cette pétition, initiée à la fin du mois de janvier par des membres de la paroisse Saint-Bonaventure de Montréal, a recueilli plus de 7300 signatures. Elle demande au gouvernement «de permettre la réouverture de nos églises le plus rapidement possible, et selon une jauge réaliste tenant compte de la taille des édifices».
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