*Ce reportage a été réalisé le 3 mars, avant les mesures de confinement.
Alors que la semaine de relâche universitaire battait son plein à Québec, une cinquantaine d’étudiants et jeunes professionnels étaient réunis à la «maison Impact des gars», pizza fournie en prime. Un groupe était dans le salon à discuter, alors que d’autres jeunes gens étaient absorbés par les jeux de société auxquels ils prenaient part. C’était l’une des soirées de mise en contact organisées chaque semaine par la maison Impact.
Depuis juillet 2019, deux maisons du genre existent à Québec. La première compte cinq jeunes hommes, l’autre sept jeunes filles. Une autre maison similaire existe à Sherbrooke depuis plusieurs années. Des étudiants et des jeunes professionnels de confession protestante y vivent. Ils ont à cœur de faire une différence dans leur entourage et le voisinage, en étant des «témoins vivants de Christ dans le monde d’aujourd’hui».
«On veut créer une communauté pour les croyants et les non-croyants, combattre la solitude auprès des étudiants, les servir et les aimer comme Christ les aimerait. Beaucoup de curieux viennent, mais on a aussi des fidèles», résume Laurianne Bouchard, une jeune musicienne habitant dans la maison des filles. Outre les soirées connexion, visant à briser l’isolement et à créer des relations authentiques, il y a les soirées de prières, partage, étude biblique et louange.
«Parler de ma foi avec des non croyants, c’est une bonne occasion pour moi de développer mon don d’évangéliste», témoigne Gabriel Phénix, résident dans la maison des gars et étudiant à la maîtrise en génie chimique à l’Université Laval.
Un mardi sur deux, à la maison Impact des filles, un chrétien livre un témoignage de foi. C’est souvent le point de départ de débats. «Oui, ça brasse la soupe un peu, de par les questions qu’on peut recevoir des non-croyants, mais en même temps on est contents de se remémorer de ce que Dieu fait dans notre vie», ajoute Laurianne Bouchard.
Généreux et jeunes donateurs
Comme une entrevue d’embauche où l’on présente son parcours professionnel, chaque jeune a rencontré l’instigateur du projet, Robert Pinkston, avant d’être intégré à l’une des maisons Impact.
«Le projet a pu voir le jour grâce à des dons importants d’étudiants de 18 à 25 ans des États-Unis. On a reçu aussi des dons d’Églises baptistes évangéliques américaines. Ce genre de projet existe ailleurs aussi dans le monde, comme le Feu, en France», explique M. Pinkston, responsable de la pastorale des étudiants. Les dons servent principalement à soutenir les activités proposées, puisque comme dans n’importe quel appartement ou maison, les jeunes payent un loyer.
À Sherbrooke, la maison Impact regroupe trois filles et deux garçons, chaque sexe ayant son étage. C’est dans cette ville que Robert Pinkston a établi la première maison Impact, quelques années avant celles de Québec. Il a confié la poursuite du ministère à Courtney Churukian, conseillère spirituelle, relevant de M. Pinkston. Cette maison est à proximité du campus de l’Université de Sherbrooke.
Fraternité évangélique
Les nouveaux projets sont toujours excitants, mais encore faut-il les maintenir pour bâtir une crédibilité. Au départ, quelques étudiants s’occupaient chaque semaine de faire les courses pour le repas pouvant réunir de 50 à 70 personnes, une tâche pouvant s’avérer ardue avec le temps.
C’est ainsi que les leaders des maisons Impact ont fait appel aux membres de la Fraternité des responsables évangéliques de Québec, regroupant des pasteurs et des anciens d’Églises évangéliques de Québec. Les démarches entreprises ont porté fruit, et une dizaine d’Églises de Québec prêtent ainsi main-forte en se relayant d’une semaine à l’autre pour la préparation du repas.
Gestes d’amour dans les campus
Le groupe est aussi actif autour du Cégep Garneau depuis l’hiver 2018. Chaque jeudi midi, un petit groupe de chrétiens se réunit pour des discussions autour de la Bible.
«C’est de plus en plus difficile de se regrouper dans un établissement d’enseignement séculier, on est ralentis dans nos démarches. Le fait d’avoir une maison Impact près du campus nous donne plus de liberté pour s’exprimer. On souhaite créer aussi des liens avec le Cégep de Sainte-Foy et le cégep anglophone St. Lawrence», confie Mikah Westerveld.
Ce dernier est épaulé dans ses démarches par un ex-financier, devenu étudiant en théologie à l’Institut de théologie pour la francophonie. Depuis 2017, Julien Côté a décidé de se consacrer à cette œuvre. Il reçoit un cachet de Robert Pinkston, dont il est le stagiaire pour le projet au Cégep Garneau.
«Sur le campus, on veut manifester des gestes surprenants d’amour. Par exemple, à la rentrée des classes, on a distribué du café. À la Saint-Valentin, on a distribué des chocolats avec le mot ‘Tu es aimé’. On ne veut surtout pas rentrer la parole de Dieu de force à personne. C’est important pour nous de créer un lieu d’échange, où tout le monde se respecte», convient-il.
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