L’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) se réjouit devant l’ouverture à une reconnaissance juridique des cendres humaines, mais estime que de nombreux éléments restent à préciser. Dans un mémoire présenté dans le cadre des auditions publiques pour le projet de loi 66 sur les activités funéraires, elle insiste pour que les cendres aient le même traitement que les corps et pour revaloriser les lieux de sépulture.
Du 26 novembre au 2 décembre, la Commission de la santé et des services sociaux procédait à des consultations et des auditions publiques concernant le projet de loi. L’AECQ était le seul groupe ou organisme religieux à prendre part à ce processus. Présenté jeudi dernier, le mémoire de l’épiscopat portait essentiellement sur le passage consacré à la disposition des cendres.
Devant le ministre de la Santé Gaétan Barrette, les représentants de l’AECQ ont indiqué qu’ils auraient «préféré que la reconnaissance juridique des cendres humaines soit davantage précisée ou définie afin de s’assurer que ces restes humains puissent être manipulés et disposés avec toute la dignité et le respect qui s’imposent».
[Relire notre entrevue avec le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, au sujet du projet de loi]
L’AECQ a également laissé entendre que la formulation de certains passages du projet de loi gagneraient à être précisés. Elle a demandé un «cadre réglementaire qui définisse de façon plus précise ce que sont ces endroits nuisibles et quelles pratiquent ne respectent pas la dignité de la personne décédée». À ses yeux, les cimetières et les columbariums demeurent les meilleurs endroits pour les cendres. Évoquant le besoin d’avoir un lieu pour se recueillir et vivre son deuil d’une part, et le risque que les cendres ne soient pas traitées avec suffisamment de dignité d’autre part, elle a ajouté qu’un «cadre législatif pas assez précis laissera toujours place à des pratiques désolantes».
Dans un précédent mémoire préparé en 2010 pour un autre projet de loi abordant la question de la disposition des cendres, l’AECQ avait déjà soulevé cette inquiétude, donnant au passage quelques exemples de situations où les cendres n’avaient été traitées avec suffisamment de respect à leurs yeux.
L’adjoint au secrétaire général et responsable des communications pour l’AECQ, Germain Tremblay, présentait ce mémoire des évêques à Québec en compagnie de Mgr Louis Dicaire, évêque auxiliaire à Longueuil.
Même respect qu’un cadavre
«Notre principale demande, explique M. Tremblay en entrevue, c’est que les cendres méritent le même respect et la même dignité qu’un cadavre, et qu’un cimetière ou un columbarium reste le meilleur lieu pour en disposer et pour faire mémoire.»
Il affirme que pour l’épiscopat, la possibilité de disposer des cendres comme chacun l’entend reste le «principal bogue» par rapport au projet de loi.
Questionné sur la possibilité que la position de l’AECQ sur l’importance des cimetières et des columbariums puisse être en partie motivée par un gain financier, M. Tremblay répond que le rôle des cimetières paroissiaux est d’abord de rendre service aux catholiques.
«La gestion [des cimetières] amène souvent plus de problèmes que ce que ça peut rapporter monétairement. Et ces sous vont à l’entretien du cimetière. C’est essentiellement pour l’entretenir. On ne fait pas d’argent avec ça», fait valoir M. Tremblay.