Le premier ministre du Canada devait recevoir aujourd’hui une lettre signée par quelques 200 personnalités et organismes religieux, communautaires et syndicaux d’Amérique latine. Les signataires entendent faire pression sur Justin Trudeau pour faire cesser les violations des droits humains attribuées à des compagnies minières canadiennes.
La lettre de trois pages – les noms des signataires sont répartis sur sept autres pages – demande à Justin Trudeau de poser rapidement des gestes afin que cessent ces violations dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale.
«Après plusieurs années de fermeture au dialogue et d’absence d’autocritique sous le gouvernement canadien antérieur, nous espérons que vos convictions s’imposeront face aux intérêts corporatifs» des entreprises minières, écrivent les signataires parmi lesquels on trouve les responsables de la pastorale sociale du diocèse de Choluteca au Honduras, la Caritas du diocèse de San Miguel au Salvador, le Conseil indigène missionnaire du Brésil et la Conférence des provinciaux jésuites d’Amélique latine.
La lettre, publiée en espagnol, en portugais, en anglais et en français, rappelle qu’en 2010, les membres du Parti libéral du Canada, dont l’actuel premier ministre, alors député, avaient voté en faveur du projet de loi privé C-300 qui souhaitait l’imposition de sanctions contre les entreprises minières canadiennes reconnues coupables de violations des droits ou de destruction de l’environnement. Ce projet de loi avait été battu par six voix.
«Sous le gouvernement précédent, les accomplissements du Canada dans le domaine des droits humains se sont considérablement détériorés», écrit-on en référence aux gouvernements conservateurs de Stephen Harper.
Conscients de «l’attention que porte votre gouvernement au respect des droits humains et des droits autochtones depuis votre arrivée en fonction», les signataires demandent au premier ministre «de mettre en œuvre des réformes législatives et administratives qui permettront de réguler de façon plus efficace les actions des entreprises minières canadiennes dans leurs opérations à l’étranger».
La lettre, diffusée au Canada par les organismes Développement et Paix et Mining Watch, ne mentionne le nom d’aucune compagnie minière.
Les signataires demandent notamment que le Canada mette en place «des mesures qui garantissent que les entreprises minières canadiennes agissent conformément aux traités internationaux de droits humains». Le Canada et les entreprises minières doivent aussi respecter «les décisions de nombreuses communautés autochtones et non autochtones de refuser les opérations minières à grande échelle sur leur territoire, à cause des dommages sévères que cette industrie cause à l’environnement et au bien-être social».