Dans un contexte où les mesures de confinement décrétées par le gouvernement du Québec se resserrent et que seuls les services essentiels sont autorisés à fonctionner, les diocèses catholiques de la province ont commencé à procéder à des mises à pied temporaires.
Le gouvernement du Québec ordonne la fermeture du 25 mars au 13 avril 2020 de l’ensemble des commerces et services non essentiels. Les Églises et autres institutions à caractère religieux ou spirituel ne font pas partie de la liste des services essentiels établie par le gouvernement.
Quelques jours avant, le 20 mars, des diocèses comme ceux de Rimouski et de Sainte-Anne-de-la-Pocatière avaient pris les devants en procédant à des mises à pied temporaires.
«Toutes les agentes de pastorale, en paroisse et au diocèse, sont mises à pied pour une période indéterminée», annonçait le diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière dans un communiqué administratif daté du 19 mars. «ll en sera de même des membres du personnel diocésain de soutien de plus de 70 ans.» Parmi les prêtres, seuls les trois curés du diocèse pouvaient rester en poste.
Le 20 mars, l’archidiocèse de Rimouski annonçait aussi les dispositions entourant la mise à pied de son personnel pastoral. «Les personnes touchées par cette mesure pourront faire la demande de prestations d’assurance-emploi dès qu’elles recevront leur relevé qui leur sera fourni par leur employeur», notait-on.
Après l’annonce du gouvernement, le diocèse de Saint-Hyacinthe a quant à lui annoncé dans la soirée du lundi 23 mars qu’il mettait à pied tout le personnel de son Centre diocésain et recommandait à toutes ses paroisses d’en faire autant. L’évêque Christian Rodembourg qualifiait ces dispositions de «crève-cœur».
«Je le fais toutefois dans l’espoir qu’elles contribuent à pouvoir nous remettre en route, dans un avenir le plus rapproché possible, comme disciples-missionnaires ensemble», a-t-il dit.
Mises à pied partielles
Certains diocèses optent cependant pour des mises à pied partielles. C’est notamment le cas de l’archidiocèse de Sherbrooke, qui conserve tout de même en poste sa coordonnatrice et sa responsable des communications.
«On veut conserver le lien avec la population, la maintenir informée. Si des initiatives se font, on veut les présenter et orienter les gens», a expliqué la directrice des communications, Eliane Thibault. «Nous voulons garder le lien avec la population même si les églises sont fermées.»
Des paroisses de l’archidiocèse de Sherbrooke ont choisi de procéder à la mise à pied de leur personnel, mais ce mouvement n’est pas encore généralisé.
«Certaines paroisses préfèrent faire des mises à pied dans l’espoir de mieux repartir quand la crise sera terminée», a fait valoir Mme Thibault, qui travaille à partir de sa maison.
Dans le diocèse de Nicolet, on a voulu repousser le plus longtemps possible la possibilité de mises à pied. «Les évaluations des besoins de personnel, même en télétravail, ne sont pas complétées mais sont en voie de l’être. La chose certaine, depuis le début de la crise, c’est qu’on n’a pas fonctionné avec des mesures ‘mur à mur’, et c’est la dynamique qu’on souhaite voir se poursuivre en ce qui concerne l’éventuelle mise à pied de personnel», a dit la directrice des communications Jacinthe Lafrance.
L’archidiocèse de Québec a annoncé le 24 mars qu’il procède à la fermeture de tous ses services diocésains non-essentiels. «Cette situation entraîne la mise à pied de la majeure partie du personnel», soit environ 47 personnes sur 70, a confirmé l’évêque auxiliaire Marc Pelchat.
Les bureaux des services diocésains seront fermés depuis 16 h le 24 mars. Les quelques personnes qui travailleront – à distance – œuvrent au service des ressources humaines, à l’administration, à la chancellerie, à la pastorale et aux communications.
«Une partie importante du budget diocésain annuel provient de la contribution des paroisses, lesquelles sont mises à mal présentement. Nous devons donner l’exemple d’une organisation au service des communautés et qui consent, elle aussi, aux sacrifices commandés par une situation inédite», a écrit Mgr Pelchat aux employés.
Il a aussi dit que l’archidiocèse agit ainsi pour «préserver [sa] capacité budgétaire pour rebondir lorsque la crise prendra fin» et «relancer collectivement» les activités présentement «réduites au minimum». D’ici là, les paroisses sont invitées à conserver des services minimaux.
Le diocèse de Saint-Jean-Longueuil a toutefois décidé d’agir différemment des autres. En temps de crise, le diocèse doit «demeurer prophétique», a estimé l’évêque Claude Hamelin, qui a refusé de procéder à des mises à pied et a engagé son diocèse a «verser aux fabriques des dons équivalents aux salaires de leur personnel pastoral en service».
«Quand la crise sera finie, que dirons-nous de notre Église diocésaine? Voulons-nous laisser le souvenir de ceux et celles qui ne savent que fermer des églises ou mettre à pied des mères et pères de famille?», a demandé Mgr Hamelin.
Saint-Jean-Longueuil demande aussi aux administrateurs des paroisses de «privilégier les services à la population».
Mgr Hamelin admet que ces mesures vont «fragiliser les ressources financières diocésaines», mais il qualifie sa décision d’«action risquée, mais nécessaire». Cette décision «audacieuse», il en a la conviction, est la seule possible, parce que «solidaire et ancrée dans l’espérance qui nous vient du Seigneur».
Dans le diocèse de Joliette, aucune mise à pied n’a encore eu lieu. Mgr Louis Corriveau a indiqué vouloir «prendre plus de temps afin de bien discerner la façon de ‘faire Église autrement’ et traiter avec respect son personnel pastoral». Tandis que la réflexion se poursuit, les paroisses sont invitées à continuer de rémunérer leur personnel pastoral jusqu’au 10 avril.
Quant à l’archidiocèse de Montréal, on a plutôt demandé à certains employés d’utiliser des journées de congé ou de piger dans leur banque de temps à récupérer. Aucune décision n’a encore été prise quant à d’éventuelles mises à pied temporaires.
«Notre logique est d’essayer d’être Église le plus possible dans ces temps de crise. Des lieux sont fermés, mais pas l’Église», a indiqué l’évêque auxiliaire Alain Faubert, qui agit également comme vicaire général.
L’archidiocèse a demandé aux paroisses de voir comment continuer à offrir des services essentiels, comme de l’aide alimentaire ou diverses formes de soutien communautaire.
– Avec la collaboration de François Gloutnay.
Mis à jour à 20 h le 25 mars 2020. Ajout de détails sur Montréal.
Mis à jour à 18 h 09 le 26 mars 2020. L’archidiocèse de Québec a apporté de nouvelles précisions sur le nombre d’employés touchés. Le nombre de 70 d’abord donné est plutôt de 47.
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