«J’ai les clés… au cas où on ne me laisserait plus entrer», lance à haute voix, Molly Kane, au moment de quitter son bureau pour une séance de photographies. La remarque fait bien rire ses collègues.
Bien entendu, les membres du personnel de L’Entraide missionnaire (L’EMI) s’empresseront d’ouvrir la porte à leur toute nouvelle coordonnatrice.
Sa vaste expérience dans le monde de la solidarité internationale a déjà charmé le comité de sélection chargé de trouver une personne pour succéder à Suzanne Loiselle, directrice de l’organisme durant près de 30 ans. Et ses habiletés de communicatrices vont plaire aux missionnaires qui participeront au congrès de l’organisme les 12 et 13 septembre à Montréal.
Molly Kane n’est pas une inconnue pour L’EMI, ce regroupement de 69 communautés missionnaires. Il y a deux ans, elle a prononcé une conférence lors du congrès de l’organisme, un événement qui attire chaque année quelques centaines de religieux et de laïques. Elle y dénonçait «les mythes de l’économie verte».
«Il y a longtemps que je connais L’Entraide», dit-elle. «Je me souviens qu’en 1984, j’ai participé à une fin de semaine de formation sur la mission. J’étais alors engagée au comité Québec-Philippines.»
L’EMI est née en 1958. Les communautés fondatrices voulaient créer un lieu où partager leurs réflexions, organiser des services communs comme l’achat de billets d’avion et informer le public sur le travail des missionnaires dans les pays pauvres.
Le monde de la mission a changé depuis 60 ans, reconnaît Molly Kane. Les communautés missionnaires aussi. L’Entraide missionnaire doit s’adapter à de nouvelles réalités. C’est d’ailleurs la mission confiée à la nouvelle coordonnatrice. «Une grande partie de mes responsabilités sera d’engager une réflexion sur l’avenir de L’Entraide missionnaire».
Ce questionnement, qui pourrait bien entraîner des modifications profondes au fonctionnement même de l’organisme, ne fait pas peur à celle qui fut longtemps directrice générale d’Inter Pares, un organisme de coopération internationale, et membre du conseil d’administration du Conseil canadien pour la coopération internationale.
«J’aime cette ouverture à la réflexion qu’on trouve ici. On n’hésite pas à questionner tous les aspects de la mission», dit-elle.
«Cette volonté de créer des espaces de réflexion et de formation représente bien L’Entraide missionnaire. On trouve cela rarement dans les organismes de développement international».
«J’encourage les gens à communiquer avec moi», dit Molly Kane. «Je souhaite engager une conversation sur L’Entraide et ses objectifs aujourd’hui. Je veux aussi que l’on raconte son histoire et celle des communautés missionnaires du Québec, pour que cela ne se perde pas.»
Le congrès annuel
Molly Kane rencontrera un grand nombre de missionnaires et de membres de L’EMI lors du congrès annuel de l’organisme qui se tiendra à Montréal les 12 et 13 septembre.
Il sera question des droits des femmes alors que «les crises économiques, les guerres, les extrémismes comptent parmi les facteurs qui freinent sérieusement l’atteinte de l’égalité entre les femmes et les hommes», indique le dépliant d’invitation de l’événement.
Parmi les conférencières, mentionnons la sociologue Marie-Andrée Roy, directrice du Département de sciences des religions de l’UQAM, Michèle Asselin, directrice générale de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale, et Julienne Lusenge, présidente d’un organisme qui œuvre à la défense des femmes victimes de violence en République démocratique du Congo.