«La non-résolution des conflits régionaux ne va qu’accentuer les drames comme ceux qu’on a vus ces derniers jours», martèle Carl Hétu. Le directeur national de l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA) estime que l’incapacité des gouvernements à régler les conflits en Irak et en Syrie est directement responsable de la crise des réfugiés.
La guerre, en Syrie et en Irak, a permis la montée de groupes comme l’État islamique qui veulent conquérir les territoires aux mains de gouvernements en déroute. Ces conflits ont entraîné l’exil de centaine de milliers de personnes.
«L’État islamique existe parce que la communauté internationale et les leaders régionaux ont été incapables de régler les problèmes en Syrie et en Irak», insiste le directeur de cette agence qui vient en aide aux minorités chrétiennes du Moyen-Orient.
Le Canada fait partie des pays qui cherchent des solutions aux conflits dans ces pays. Mais ses interventions doivent être fortement questionnées, dit Carl Hétu.
«La politique du gouvernement est dorénavant de confronter, par les armes, les ennemis du Canada et de la communauté internationale. Le Canada s’éloigne des missions de l’ONU comme il le faisait auparavant. Il faut se poser de sérieuses questions sur l’efficacité de cette stratégie de combat.»
«Cela a commencé sous les libéraux. Durant leurs douze ans de pouvoir, ils ont délaissé les missions de paix pour des missions de guerre. Les conservateurs, eux, ont officialisé cette politique», dit Carl Hétu.
Une crise qui perdure
La crise des réfugiés n’est pas nouvelle. En janvier dernier, M. Hétu a participé à une mission d’observation en Jordanie et au Liban. Il accompagnait Mgr Lionel Gendron, évêque de Saint-Jean-Longueuil.
«On y a rencontré des réfugiés syriens et irakiens. Ils vivaient de grands traumatismes. Le pire, c’était l’incertitude. Ne pas savoir s’ils pourront un jour retourner à la maison. Beaucoup de gens nous ont dit qu’ils étaient prêts à tout pour quitter les camps où ils vivaient depuis, pour certains, trois longues années.»
À l’époque, les gens ne parlaient pas de partir en bateau, de façon clandestine, dit-il «Mais c’était évident que tous les gens que nous avons rencontrés, tant les réfugiés que les personnes qui les accueillaient, étaient fatigués et impatients.»
Le directeur de CNEWA ne s’étonne pas que des réfugiés vendent les biens qui leur restent afin d’obtenir une place sur un bateau qui les amènerait en Europe. Et que plusieurs y trouvent la mort.