«Stupéfaction, tristesse, et colère.» Ce sont les sentiments de l’imam québécois Hassan Guillet en apprenant que deux paroissiennes et le sacristain de la basilique Notre-Dame de l’Assomption de Nice, en France, venaient d’être assassinés par un assaillant que les autorités policières française ont rapidement identifié comme un terroriste islamiste.
«C’est l’œuvre d’un terroriste, aucun doute là-dessus», dit Hassan Guillet. «Tuer des fidèles innocents dans une église, c’est terroriste. Tout comme tuer des fidèles pieux dans une mosquée ou dans une synagogue, c’est aussi terroriste.»
L’imam émet toutefois des réserves sur le qualificatif d’islamiste ou de musulman qu’on a attribué à l’auteur de ces crimes. Il ne peut s’empêcher d’y voir «une association maladive de la religion à des actes criminels», d’autant plus, dit-il, que la religion musulmane prêche que «toute vie humaine est sacrée».
«C’est notre Seigneur qui donne la vie, c’est à lui de reprendre cette vie», ajoute-t-il. «Personne, de quelque religion soit-elle, ne peut donc venir décider de mettre fin à la vie des autres». Ceux qui commettent de tels crimes, «même s’il disent faire cela au nom de l’islam», ne sont que des «criminels fanatiques qui se servent de la religion».
L’ex-imam de la mosquée de Saint-Jean-sur-Richelieu cite alors de mémoire le verset 32 de la 5e sourate du Coran: «Quiconque tuerait une personne innocente, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité. Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à toute l’humanité.»
Ce qui l’inquiète aussi, c’est que «le meurtre d’innocents par des criminels», comme ce fut le cas ce matin à Nice ou encore le 16 octobre dernier alors que le professeur Samuel Paty était aussi décapité près de son collège – vienne justifier la stigmatisation d’autres innocents par l’État français ou par les autorités policières.
«Tous comprennent qu’il serait injuste de tenir les Québécois responsables de la tuerie à la mosquée de Québec. Tout comme de tenir les Néo-Zélandais responsables de la tuerie aux mosquées de Christchurch.» Pour Hassan Guillet, tenir les musulmans coupables des assassinats perpétrés ce matin à Nice ou à Conflans-Sainte-Honorine, il y a deux semaines, lui apparaît tout aussi injuste.
Ce matin, en France, les autorités musulmanes ont condamné «avec la plus grande vigueur l’attentat terroriste qui a visé la basilique Notre-Dame de Nice faisant trois morts et plusieurs blessés».
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a demandé à tous les musulmans français, «en signe de deuil et de solidarité avec les familles des victimes et les catholiques de France», d’annuler toutes les festivités du Mawlid», cette fête qui commémore la naissance du prophète Mahomet.
Le CFCM leur a aussi demandé de «fermer leurs mosquées jusqu’à nouvel ordre, dès ce soir après la prière de la nuit et de faire de ce dernier moment de prière l’occasion d’un hommage et d’un recueillement en la mémoire des victimes».
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