Outremont va de l’avant avec son projet de limiter le zonage des lieux de culte. Le 14 janvier, l’arrondissement d’Outremont a publié dans certains journaux locaux un avis public intitulé Demande de participation référendaire. Il s’agit d’une autre étape devant permettre aux citoyens d’Outremont de se prononcer sur un éventuel référendum concernant son projet de modification du Règlement de zonage qui prévoit de limiter l’établissement de nouveaux lieux de culte sur son territoire.
Selon la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, un référendum peut être tenu si un certain nombre de citoyens signent le registre demandant que soit tenue une telle consultation. Selon ce que Sylvain Leclerc, chargé de communication de l’arrondissement d’Outremont, a indiqué à Présence, au moins 12 personnes doivent signer le registre. Si le nombre de personnes requises pour la tenue d’un référendum n’est pas atteint, les élus de l’arrondissement se prononceront alors pour une troisième fois sur le projet de loi. Dans le cas où le nombre de signatures est atteint, le référendum pourra avoir lieu. L’avenir du projet de changement de zonage dépendra alors des résultats de cette consultation populaire.
Rappelons que le projet de changement de zonage a comme objectif d’interdire l’établissement de nouveaux lieux de culte sur les avenues commerciales Bernard et Laurier ainsi que de limiter la zone géographique où les futures synagogues, églises ou mosquées pourront s’établir. Un des arguments avancés par l’arrondissement d’Outremont pour justifier ce changement de zonage est que la présence des lieux de culte sur les artères commerciales nuirait aux commerces qui y sont établis.
La communauté hassidique a manifesté sa vive opposition au projet de modification de zonage par l’envoi d’une mise en demeure à l’arrondissement. Selon l’avocat Julius Grey qui représente la communauté hassidique, ce projet de loi est prohibitif et empêcherait, s’il venait à être adopté, l’érection de nouvelles synagogues à Outremont.
Dans une entrevue accordée à Présence avant le congé des Fêtes, le professeur de la Faculté de droit de l’Université McGill, René Prévost, a critiqué ce projet de changement de zonage. «On ne rapporte pas d’éléments de recherche démontrant que la présence d’un lieu de culte va nuire au développement économique des artères commerciales Bernard et Laurier», avait-il souligné.
Le professeur est d’avis que c’est d’abord la communauté juive qui est visée par ce projet de changement de zonage. Bien qu’il ne conteste pas le droit de l’arrondissement à gérer l’aménagement de son territoire, il croit néanmoins que ce projet, s’il est adopté, restreindra beaucoup les possibilités de développer de nouveaux lieux de culte dans Outremont.
La mairesse d’Outremont, Marie Cinq-Mars a préféré ne pas nous accorder d’entrevue en raison des démarches judiciaires entreprises par la communauté hassidique.