Depuis la mi-mars, tous les lieux de culte sont fermés au Québec. Tous? Non. Depuis le vendredi 24 avril, les portes d’une église de Longueuil sont grandes ouvertes. Et elles le demeureront, sept jours sur sept, jusqu’à la fin de la crise sanitaire, assurent les autorités publiques et policières locales.
La Ville de Longueuil, le Service de police de l’agglomération de Longueuil, des organismes communautaires ainsi que le diocèse de Saint-Jean-Longueuil ont mis sur pied un centre de jour temporaire pour les personnes itinérantes à l’intérieur même de l’église Notre-Dame-de-Grâces de Longueuil et dans son grand stationnement.
Dès l’imposition des mesures de confinement, afin de protéger leurs employés ainsi que leur clientèle d’un risque potentiel de contamination à la COVID-19, «les ressources en hébergement de Longueuil ont dû réduire leur capacité d’accueil», reconnaît Fanie St-Pierre, porte-parole de la Ville de Longueuil. Plusieurs personnes itinérantes n’avaient donc plus d’endroit où loger la nuit et manger le jour.
Quand le diocèse a appris que la municipalité et les organismes du milieu cherchaient «des solutions novatrices à cette situation précaire» que vivent les personnes itinérantes, «notre première réaction a été de rendre disponible cette église», explique Mgr Claude Hamelin, évêque du diocèse de Saint-Jean-Longueuil.
Rencontré à l’entrée de l’église Notre-Dame-de-Grâces le samedi 25 avril, quelques instants avant qu’il n’aille servir les repas du midi, l’évêque a déclaré que «cette initiative rejoint la mission première de l’Église, soit se faire proche des plus démunis, des gens seuls.»
«On doit être une Église sur le terrain», avait affirmé Mgr Hamelin, dès le début de la pandémie, alors qu’il refusait de mettre à pied son personnel malgré la fermeture des lieux de culte. «Ce projet de centre de jour, c’est précisément cela, une Église en tenue de service».
Ressource temporaire
«Plein de gens ont travaillé à faire lever le décret de fermeture» auquel la paroisse, comme toutes les autres du Québec, doit respecter, explique Danielle LeBlanc, la responsable de cette ressource temporaire.
Actuelle directrice générale du Repas du passant, un organisme qui fournit de l’aide alimentaire à la population et dont les locaux et les cuisines sont situés au sous-sol de l’église Notre-Dame-de-Grâces, madame LeBlanc aimerait que «peu de gens utilisent» cette ressource. «Ce serait dommage de s’apercevoir qu’il y a de l’itinérance dans notre ville», lance-t-elle en clignant un œil.
«Mais oui, il y a de l’itinérance ici». Ainsi que des personnes en situation d’exclusion et de pauvreté. Vendredi, 21 personnes ont utilisé les services du nouveau centre de jour et «ont ensuite été dirigés vers des refuges pour y dormir», dit Danielle LeBlanc.
En plus d’annoncer l’ouverture de cette ressource dans l’église, la Ville de Longueuil a expliqué avoir réservé les 43 chambres d’un motel local. «Les chambres sont partagées en zone rouge, pour les personnes atteintes du virus, zone jaune, pour les personnes présentant des symptômes, et zone verte, pour les personnes sans symptômes.»
Le centre de jour, installé dans l’église Notre-Dame-de-Grâces, va offrir des repas, des vêtements et des services psychosociaux. «Quand il fera beau et chaud, on utilisera principalement le stationnement», précise madame LeBlanc. En cas de pluie, ainsi que lors des repas, les gens entreront dans l’église.
Une église ouverte à la vie
Près de la grande tente installée dans le stationnement, là où la clientèle du nouveau centre de jour est accueillie, Mgr Claude Hamelin a reconnu, malgré son masque, et a salué chaleureusement – tout en respectant les consignes de distanciation physique – «une des plus jeunes» agentes de pastorale du diocèse.
«C’est mon travail d’être auprès des gens. Mais la situation actuelle nous oblige à nous adapter», dit Charlotte Framboise, de la paroisse La Nativité de la Sainte-Vierge de La Prairie, qui a enfilé samedi blouse d’hôpital et masque de protection.
«On va là où les gens ont besoin de notre présence. Ici, je vais accueillir les gens. En identifiant leurs besoins, je serai un peu les oreilles et les yeux des intervenantes principales, qui sont bien occupées», explique-t-elle.
Elle se réjouit que cette église ait été choisie pour ce projet. «C’est l’église où j’ai cheminé et où j’ai été baptisée adulte», confie l’agente de pastorale. «Cela me fait chaud au cœur de savoir que cette église est ouverte à la vie.»
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