Calme et posé. À quelques heures du début de son ministère épiscopal, le nouvel évêque de Gaspé anticipe sereinement les six prochaines années à la tête d’un territoire diocésain qui chatouille le golfe du Saint-Laurent.
«On se prépare depuis quelques semaines», assure Mgr Gaétan Proulx au sujet de la célébration qui se tiendra en soirée le vendredi 16 septembre et au cours de laquelle il sera officiellement installé sur la cathèdre de Gaspé.
Le «on» dont il parle, ce n’est pas Mgr Proulx qui parle pompeusement de lui à la troisième personne. C’est plutôt son équipe, sa nouvelle famille diocésaine, pour laquelle il n’a que de bons mots.
Nommé à ce poste par le pape le 2 juillet, Mgr Proulx succédera à Mgr Jean Gagnon. C’est le nonce qui lui a annoncé la nouvelle, par téléphone, le 30 juin. «Il ne m’a pas demandé si j’acceptais ou je refusais. Il savait que j’étais prêt à accepter», dit-il.
L’évêque originaire des Cantons-de-l’Est était bien allé quelques fois en Gaspésie. Mais, de son propre aveu, il n’y avait pas mis les pieds depuis une dizaine d’années. La communauté à laquelle il appartient, les Servites de Marie, a été présente en Gaspésie pendant soixante ans, particulièrement à l’animation du sanctuaire de Pointe-Navarre, un rôle qu’elle a remplie jusqu’à son départ en 2003.
«Je passe d’une Église diocésaine qui est une grosse machine, avec une infrastructure importante», glisse-t-il, évoquant son rôle d’évêque auxiliaire ces dernières années à Québec. «Mais fondamentalement, les problématiques sont semblables. Il y a une restructuration partout. Certaines paroisses ont plus de difficulté à vivre. C’est un défi d’aider ces communautés chrétiennes. Ça m’habite très bien. Je le vivais à Québec, mais là j’en ai la responsabilité première.»
Âgé de 69 ans, Mgr Proulx restera théoriquement évêque de Gaspé jusqu’à l’âge canonique de la retraite. Ce qui ne lui donne que six ans pour s’assurer que le diocèse poursuive sur son élan.
«Pour la première année, je vais surtout prendre connaissance du milieu. Ici, Mgr Gagnon a fait un beau travail pour mettre en place une Église missionnaire et des communautés chrétiennes qui se prennent en main. Il ne faut pas baisser les bras», observe-t-il, confiant au passage que la situation financière du diocèse, bien que «fragile», n’est «pas mauvaise». «Il ne faut pas s’énerver, et ne pas avoir de projets rocambolesques», ajoute-t-il avec une pointe d’humour.
Surtout, le nouvel évêque de Gaspé entend mettre l’accent sur le tournant missionnaire et s’assurer que son territoire qui compte plus de 76 000 catholiques soit outillé pour prendre en main son propre avenir.
«Je veux que les communautés continuent et cherchent à être de plus en plus fraternelles. Qu’elles cherchent et se donnent les moyens de rencontrer le Christ et de faire des disciples missionnaires. Si on réussit cela, l’Église va être vivante. Sans rencontre du Christ, il ne peut y avoir de nouveaux disciples», insiste-t-il. Pour lui, l’Église de Gaspé devra savoir s’adresser aussi aux personnes âgées de 30 à 40 ans. «C’est peut-être un peu ça les périphéries aujourd’hui.»
Gaspé doit continuer de s’insérer dans une «dynamique joyeuse de l’Évangile», poursuit-il. «Il ne faut pas s’apitoyer; nous devons chercher des pistes d’avenir ensemble. Vivre en collégialité. Il faut aller dans tous les endroits, vers toutes les personnes.»
C’est donc mi-sérieux, mi-blagueur, que Mgr Proulx lançait récemment à son équipe pastorale qu’il était allé manger «en périphérie». «Au McDo», précise-t-il, tout sourire.
À cet égard, il ne sait pas encore dans quelle mesure il pourrait devenir une figure socialement impliquée. Son prédécesseur se joignait parfois à des causes touchant la réalité socio-économique de la région. L’ancien archevêque du diocèse voisin, Mgr Pierre-André Fournier de Rimouski, était également reconnu pour son engagement social.
«Je viens d’arriver. Je serai peut-être appelé à être attentif aux diverses situations. Mais si ça arrive, je ne les traiterai pas seul. Je le ferai avec des gens qui ont la connaissance de ces dossiers», promet-il.