À l’occasion de l’Année de la miséricorde, le pape François vient d’octroyer aux prêtres le pouvoir d’absoudre les femmes ayant eu un avortement. Il a également reconnu la validité pleine et entière des confessions pratiquées par les prêtres traditionalistes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X.
« Cette Année sainte n’exclura personne » a écrit le pape à l’archevêque Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, l’organisme responsable de l’organisation du jubilé qui prendra son envol le 8 décembre prochain.
Selon le pape François, l’un des problèmes les plus criants auxquels nos contemporains sont confrontés est le « peu d’égards qu’un très grand nombre de personnes » affichent envers la sacralité de la vie humaine.
« La tragédie de l’avortement est vécue de manière désinvolte par certaines personnes. On pourrait croire qu’elles ne prennent pas conscience de l’extrême gravité de ce geste ». Plusieurs autres femmes pensent quant à elles « n’avoir d’autre choix » que de recourir à un avortement. Tels sont les termes employés par le pape dans une lettre rendue publique par le Vatican, le 1er septembre.
Selon le pape, les pressions exercées sur les femmes pour qu’elles acceptent de se faire avorter les mènent à un « drame existentiel et moral ». « J’ai rencontré un grand nombre de femmes dont le cœur est encore meurtri par les séquelles de cette décision atroce et douloureuse. »
Lorsque ces femmes font acte de contrition et qu’elles demandent à recevoir l’absolution, ajoute-t-il, « la miséricorde divine ne saurait leur être refusée ».
En vertu de la loi de l’Église, un prêtre doit habituellement obtenir de son évêque une permission spéciale afin de pouvoir absoudre une personne s’étant fait avorter ou ayant aidé une personne à se faire avorter. Le pape a toutefois décidé que, durant l’Année sainte, « tous les prêtres auront le pouvoir d’absoudre le péché d’avortement aux personnes y ayant eu recours et qui, d’un cœur contrit, demandent pardon pour ce geste ».
Le pape François a sommé les prêtres d’octroyer ce sacrement aux femmes ayant subi un avortement, de leur expliquer « la gravité de ce péché » et de leur indiquer « la voie d’une authentique conversion par laquelle elles obtiendront la vraie et généreuse miséricorde du Père, qui régénère tout ce qu’Il touche ».
Le jésuite Federico Lombardi, porte-parole du Vatican, a dit aux journalistes que la lettre du pape « met en lumière la largesse de la miséricorde de Dieu » et qu’elle ne « minimise en rien la gravité du péché d’avortement ».
Dans sa lettre, le pape François a également assoupli d’autres règles en vigueur dans l’Église. Il s’est en effet adressé aux « fidèles qui, pour toutes sortes de raisons, fréquentent les églises dont les prêtres » traditionnalistes sont membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Bien que cette société ne soit plus jugée schismatique et que l’excommunication de ses évêques ait été levée en 2009, l’Église n’a jamais pris position quant au caractère licite et valide des sacrements célébrés par ces prêtres.
Le pape affirme avoir pris cette décision « par souci pour les fidèles ». Le père Lombardi a cependant ajouté que les sacrements administrés par ces prêtres traditionalistes ne seront valides que durant l’Année sainte, c’est-à-dire jusqu’au 20 novembre 2016.
Le porte-parole a également confirmé que le Vatican a repris les pourparlers avec les dirigeants de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Dans sa lettre, le pape François dit souhaiter « que, dans un avenir rapproché, des solutions soient mises de l’avant afin que les prêtres et les supérieurs de la Fraternité entrent en pleine communion avec l’Église ».
La lettre du pape explique aussi de quelle façon les fidèles pourront obtenir des indulgences additionnelles qui accompagnent habituellement la célébration d’une Année sainte. Une indulgence rend possible la rémission d’une peine temporelle dont une personne s’est rendue coupable en raison de ses péchés. Lors d’un jubilé, on octroie des indulgences aux pèlerins qui franchissent le seuil de la Porte sainte du Vatican ou de leur propre diocèse, qui reçoivent l’eucharistie et qui prient à l’intention du pape.
La célébration de la miséricorde de Dieu, ajoute-t-il, est « liée, d’abord et avant tout, au sacrement du pardon et à la célébration de la sainte Eucharistie, dans un esprit de miséricorde. Ces célébrations devront obligatoirement être accompagnées d’une profession de foi et de prières à mon intention et pour les intentions que mon cœur destine au bien de l’Église et du monde entier ».
Les personnes confinées à leur domicile pourront obtenir une indulgence en offrant leur maladie et leurs souffrances, ajoute-t-il.
Le pape François a également eu une pensée pour les personnes incarcérées, en faisant allusion à une tradition de l’Ancien Testament permettant d’amnistier les prisonniers lors d’une Année sainte.
Une indulgence peut être octroyée à ceux qui, « bien qu’ils méritent d’être punis, ont pris conscience de l’injustice qu’ils ont commise ». Cette indulgence ne pourra leur être octroyée que s’ils « prient et reçoivent les sacrements dans la chapelle de leur pénitencier », ajoute-t-il.
« Qu’ils dirigent leurs pensées et leurs prières vers le Père chaque fois qu’ils franchiront le seuil de leur cellule, tout comme ils le feraient en franchissant une Porte sainte. La miséricorde divine peut transformer le cœur des hommes et des femmes, de la même manière qu’il peut transformer les barreaux de leur geôle en expérience libératrice », ajoute-t-il.
Cindy Wooden, Catholic News Service
Trad. et adap. Présence – information religieuse