Il y a deux ans, le blogueur Gilles Beaudry émettait l’idée d’organiser, chaque année, une Journée portes ouvertes pour chacune des églises de Montréal.
Dans Mes quartiers, le blogue qu’il anime depuis 2015, il se disait convaincu qu’un tel événement «ferait beaucoup parler de lui dans les médias» et serait couronné de succès.
Ce serait une «façon de remettre nos églises sur la map», estimait celui qui avait visité, plusieurs dimanches matins, un grand nombre d’églises en vue de bâtir son palmarès des vingt plus belles.
«Les Montréalais sont curieux, ils aiment découvrir leur ville. Si on leur propose une activité gratuite, ils seront présents en grand nombre», ajoutait-il.
Celui qui sillonne les différentes rues de sa ville à la recherche d’éléments ou d’endroits inusités, étonnants ou encore méconnus par les Montréalais eux-mêmes s’est montré enthousiaste lorsqu’il a appris qu’une équipe prépare, début septembre, les premières Journées des églises de Montréal.
Vingt-sept églises
Du vendredi 7 au dimanche 9 septembre, vingt-sept lieux de culte montréalais «ouvrent leurs portes afin de faire découvrir la richesse de leur patrimoine», vient d’annoncer la coopérative Passerelles. C’est la Table de concertation de Montréal du Conseil du patrimoine religieux du Québec qui a confié à cette coopérative de travail spécialisée dans la valorisation du patrimoine culturel la responsabilité d’organiser ces journées.
Hélène Santoni, chargée de projets à Passerelles, reconnaît que les différents guides touristiques mentionnent les plus importants lieux de culte montréalais et présentent leurs attraits. L’an dernier, la maison d’édition Ulysse a même publié un guide complet intitulé Montréal – Un patrimoine religieux à découvrir. «Mais ce nous apparaît encore plus pertinent, c’est de permettre aux gens d’entrer dans les églises pour qu’ils voient de leurs propres yeux toute la richesse du patrimoine bâti», indique-t-elle.
Parmi les lieux de culte qui font partie de la programmation des Journées des églises de Montréal, on note plusieurs grandes églises qui sont par ailleurs constamment ouvertes au public. C’est le cas de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, de la cathédrale anglicane Christ Church et de la basilique Notre-Dame. Mais durant ces trois journées, des activités spéciales et des visites guidées seront proposées aux participants.
«Ce sont des incontournables», ajoute Mme Santoni. «Mais on compte aussi plusieurs églises qui ont moins de ressources» et qui ont tenu à ouvrir leurs portes, grâce à des bénévoles, une, deux ou trois journées afin d’accueillir les visiteurs.»
En examinant la liste des 27 églises ouvertes au public, le blogueur Gilles Beaudry n’a pas hésité à émettre ses recommandations. «Il ne faudra pas manquer le chœur de l’église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs qui possède un ensemble de vitraux spectaculaire». Il faut aussi examiner «la voûte de l’église néo-romane Saint-Léon-de-Westmount, peinte par Guido Nincheri».
Il rappelle que «plusieurs églises au menu des Journées possèdent des peintures ou des vitraux de Nincheri, notamment l’église Saint-Viateur d’Outremont, dont le décor polychrome, un des plus surprenants à Montréal, contraste avec la cinquantaine de sculptures en chêne de Médard Bourgault».
«Et que dire de l’église Saint-Michael’s and Saint Anthony’s, également peinte par Guido Nincheri. Tout le monde a déjà aperçu son immense dôme et son minaret, coin Saint-Urbain et Saint-Viateur, mais qui a déjà pris le temps d’entrer à l’intérieur?»
«Les Montréalais auront enfin l’occasion de se tenir debout sous le deuxième plus gros dôme d’église de la ville et de le contempler sans empressement», dit-il.
On préfère le style byzantin? Il faut diriger ses pas vers la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes, «entièrement décorée du plancher au plafond, qui n’a rien à envier aux chapelles européennes» ou encore un peu plus à l’est, à l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus, «beaucoup plus grande, qui possède de nombreuses toiles au-dessus des colonnes et de l’orgue avant qui valent, à elles seules, le détour».
Quant aux amateurs de style néo-gothique, «ils tomberont quant à eux à coup sûr en amour avec la basilique Saint-Patrick, qui possède un des décors monochromes les plus chaleureux que j’ai vu à Montréal, avec son mobilier de bois sculpté, ses colonnes de pins qui s’élancent dans les airs et ses bancs en chêne rouge».
À ceux et celles qui ont un faible pour l’architecture contemporaine, Gilles Beaudry recommande de visiter les églises Saint-Jean-Vianney ou Notre-Dame-du-Bel-Amour, «deux réalisations majeures et incontournables de Roger D’Astous».
«Les pentes spectaculaires des voûtes en béton de ces églises étonneront assurément, sans oublier la longue verrière colorée de Saint-Jean-Vianney réalisée à Chartres par Gabriel Loire». Ce peintre et maître-verrier français a réalisé des œuvres partout dans le monde. «Qui aurait cru qu’on pourrait voir une de ses œuvres à Montréal?», lance le blogueur.
«Heureusement, les gens auront trois journées pour se promener d’un quartier à l’autre, afin de découvrir les trésors dissimulés ici et là». Lorsqu’il a établi son palmarès des plus belles églises montréalaises, il disait combien il était difficile de visiter plusieurs églises durant la même journée puisqu’un grand nombre ne sont ouvertes que le temps d’une messe.
La programmation des Journées des églises de Montréal se trouve à l’adresse <www.eglisesouvertes.ca>.
Seules des bâtiments liés à des Églises chrétiennes (catholique, anglicane et unie) participent à l’événement. «Tous les lieux de culte ont été invités», insiste Hélène Santoni. «Une synagogue a montré de l’intérêt» mais elle avait déjà planifié d’autres activités durant la fin de semaine du 7 au 9 septembre. Si ces Journées se répètent, des mosquées et des synagogues pourraient bien faire partie de la nouvelle programmation.