Les évêques catholiques d’Haïti ont exhorté les politiciens haïtiens à mettre de l’eau dans leur vin et à négocier de bonne foi afin de mettre un terme à la crise constitutionnelle qui paralyse le pays. Le mandat du président Michel Martelly a pris officiellement fin le dimanche 7 février. Or, les élections destinées à lui trouver un successeur ont été perpétuellement repoussées.
«Il est grand temps que le peuple sache comment nous allons gérer le pays après cette date [7 février]», ont affirmé les membres de la Conférence des évêques catholiques d’Haïti, en marge de leur assemblée plénière annuelle, le 1er février.
La déclaration des évêques haïtiens
Les évêques haïtiens ont exhorté les politiciens à trouver le plus rapidement possible «une solution négociée et acceptable à la crise, en faisant preuve de sagesse, de perspicacité, de modération et de patriotisme»
«Il est impératif de préparer tout le peuple haïtien à gérer les jours qui viennent en citoyen responsable», ajoutent les membres de la conférence épiscopale haïtienne. Les évêques en appellent donc au patriotisme et au sens civique de leurs compatriotes afin, disent-ils, «d’arriver à un accord s’inspirant de la Constitution et de la sagesse haïtienne pour garantir la continuité de l’État et la stabilité politique du pays dans le respect des vies, des biens et des droits fondamentaux de la personne humaine».
Les évêques ont exhorté les Haïtiens à s’engager «sur le chemin du dialogue, de la paix et du développement».
Une crise politique et constitutionnelle
Cette crise politique remonte au mois d’octobre dernier, c’est-à-dire au premier tour des élections présidentielles. Cette élection, qui devait dresser la liste des candidats éligibles pour le deuxième tour du scrutin présentiel, a été perpétuellement repoussée. Le deuxième tour de l’élection, qui devait se tenir le 27 décembre, a été repoussé au 24 janvier, puis annulé par le conseil électoral haïtien, pour des raisons de sécurité.
La Constitution haïtienne interdit à Michel Martelly de briguer un second mandat. Le président sortant a donné son appui à Jovenel Moïse, un candidat jusque-là peu connu. Ce dernier a remporté le premier tour du scrutin. Il est toujours le favori dans la course à la présidence.
Jude Célestin, le candidat de l’opposition qui s’est classé au deuxième rang lors du premier tour de l’élection présidentielle, refuse désormais de faire campagne, jugeant que l’actuel gouvernement haïtien mène une cabale contre lui.
Au cours de son histoire deux fois centenaire, la République d’Haïti a été maintes fois confrontée à des crises constitutionnelles comme celle-ci. En 2010, le pays a été confronté à la plus grave crise de son histoire, lorsqu’un terrible tremblement de terre a tué plusieurs milliers de personnes et en détruisant la demeure de près de 1,5 million de personnes dans la grande région de Port-au-Prince. Des centaines de personnes sont encore cantonnées dans des campements de fortune, cinq ans après le désastre.
Les partis d’opposition ont critiqué l’inertie du président Martelly, lequel s’était engagé à venir en aide aux sinistrés et à redorer le blason d’Haïti.
Dennis Sadowski, Catholic News Service
Trad. et adapt. Présence/F. Barriault