L’enquête qu’a menée la juge retraitée Pepita G. Capriolo à la demande de Mgr Christian Lépine sur la réception des plaintes des jeunes victimes de l’abbé Brian Boucher est complétée depuis le début du mois de septembre, vient de révéler l’archidiocèse de Montréal.
Les constats et les recommandations de ce rapport sont actuellement étudiés par «l’archevêque de Montréal et son équipe». Le rapport, remis le 2 septembre en version anglaise, ne sera toutefois rendu public qu’au moins de novembre. D’ici là, «l’archevêché ne commentera ni les constats de l’honorable Pepita G. Capriolo ni les autres sujets connexes», avertissent les autorités diocésaines.
En novembre 2019, Mgr Christian Lépine a commandé une enquête externe indépendante à la juge retraitée Capriolo. L’archevêque disait vouloir comprendre pourquoi il a fallu près de 20 ans avant que les abus sexuels commis par Brian Boucher, un prêtre montréalais, ne soient connus des autorités diocésaines.
Ordonné prêtre en 1996, Brian Boucher a été arrêté en janvier 2017. Il a été condamné, en mars 2019, à huit ans de pénitencier pour avoir agressé sexuellement deux mineurs.
Le communiqué de presse publié ce vendredi 23 octobre révèle aussi d’autres faits jusqu’à maintenant inconnus du public.
On indique, par exemple, que la juge à la retraite Anne-Marie Trahan aurait elle aussi reçu le mandat d’enquêter sur l’abbé Brian Boucher.
Mgr Christian Lépine n’a pourtant jamais mentionné cette information lorsqu’il a rencontré les médias, deux jours après la condamnation de l’abbé Boucher, afin d’annoncer que cette juge retraitée mènerait, dès septembre 2019, une enquête dans les archives régulières et secrètes de l’archidiocèse afin de déterminer «le nombre et la nature d’allégations d’abus sexuels commis sur des mineurs par des membres du clergé catholique romain et de leur personnel de 1950 à nos jours».
La juge retraitée Anne-Marie Trahan est décédée en juillet 2019, avant même de débuter son enquête dans les archives diocésaines.
De plus, jusqu’à ce jour, l’archidiocèse de Montréal n’avait jamais mentionné que c’est la juge à la retraite Capriolo qui avait hérité des mandats dévolus à la défunte juge Trahan. En novembre 2019, Mgr Lépine avait déclaré ne lui confier que l’enquête sur l’abbé Boucher. Le communiqué de presse publié ce matin explique que «l’enquête menée par Me Capriolo s’est concentrée à la fois sur le dossier Boucher et sur l’état des archives diocésaines». Il indique aussi que lorsque «le Rapport Capriolo [sera] rendu public, l’audit statistique sera une des prochaines priorités». Le communiqué est toutefois imprécis sur les responsables de cet audit statistique.
Mentionnons que la juge Trahan devait aussi passer au peigne fin les archives des diocèses de Joliette, Valleyfield, Saint-Jérome et Saint-Jean-Longueuil. Le communiqué publié aujourd’hui ne traite aucunement ce mandat. Le responsable des communications d’un de ces diocèses a confirmé qu’aucun enquêteur n’est venu consulter les dossiers des prêtres qui y ont été ordonnés.
Laïcisation
L’archevêché de Montréal mentionne enfin que le procès canonique contre l’abbé Brian Boucher a été complété en mars 2019. Mgr Christian Lépine, nommé juge par le Vatican dans cette affaire, a alors imposé au prêtre diocésain «la peine la plus lourde pour un membre du clergé: la laïcisation».
L’ex-prêtre Brian Boucher «ne peut plus exercer aucune fonction sacerdotale, ni occuper un poste réservé aux clercs», précise-t-on dans le communiqué. «De plus, il lui est interdit d’enseigner dans les écoles et institutions catholiques, ou d’exercer des fonctions publiques telles que lecteur ou ministre de la communion au sein d’une communauté paroissiale.»
Les avocats de Brian Boucher n’ont pas contesté la sentence imposée par Mgr Lépine auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi, annonce aujourd’hui l’archidiocèse de Montréal. «La décision est donc finale: M. Boucher n’est plus un prêtre de l’Église catholique romaine.»
Bien que Brian Boucher n’ait dorénavant plus aucun lien avec l’archidiocèse, les gestes qu’il a commis lorsqu’il était prêtre font l’objet d’une demande d’action collective qui a été déposée le 3 avril mars 2019 par Arsenault Dufresne Wee Avocats, un cabinet spécialisé dans les dossiers d’abus d’autorité et d’agressions sexuelles.
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