Moins d’un mois après avoir entendu les parties en cause lors d’une première audience, le juge Denis Jacques vient d’autoriser une action collective contre la congrégation des Religieux de Saint-Vincent de Paul.
Ce juge de la Cour supérieure a aussi ordonné qu’un avis soit publié dans les médias afin que «toutes les personnes ayant été agressées sexuellement par tout religieux, membre, employé ou préposé» de la congrégation des Religieux de Saint-Vincent de Paul», depuis le 1er janvier 1940, puissent prendre connaissance du jugement et s’inscrire à cette action collective.
C’est un homme aujourd’hui âgé de 61 ans, identifié par les initiales A. B., qui a obtenu le statut de représentant pour toutes les victimes présumées. Il soutient avoir été agressé sexuellement par un religieux prêtre, décédé en 1990. Il aurait été victime d’attouchements au Patro de Jonquière ainsi qu’au camp de vacances du Lac-Kénogami, deux centres gérés par la congrégation religieuse. Il avait alors 12 ans. Les gestes n’auraient pas été répétés, A.B. ayant «repoussé par la suite» le religieux et n’étant «plus jamais allé au chalet du Lac-Kénogami».
Dans le jugement rendu le 19 mai 2021, le juge reconnaît que les faits évoqués par le représentant des victimes «sont succincts à l’égard de la description des circonstances de l’attouchement qu’il aurait subi». Ses avocats ont toutefois déposé un «tableau des victimes comportant douze situations où des agressions auraient été commises par des membres, préposés ou employés de la défenderesse». Ce tableau permet, note le juge Jacques, «à l’étape de l’autorisation d’inférer une connaissance possible par la congrégation des agressions alléguées».
C’est précisément ce que souhaite démontrer le cabinet Arsenault Dufresne Wee qui représente les victimes dans cette affaire. La congrégation «était au courant des abus sexuels perpétrés par ses préposés ou membres de sa communauté et les ont néanmoins étouffés, au détriment des enfants qui en ont été victimes».
Aucune des allégations contenues dans la requête n’a encore été prouvée. En autorisant ce recours collectif, le juge Jacques convie les avocats des deux parties à se présenter de nouveau devant lui afin qu’il entende la preuve. Une entente peut toujours survenir entretemps.
Le cabinet Arsenault Dufresne Wee mène des actions collectives pour agressions sexuelles contre cinq autres congrégations religieuses (la Congrégation de Sainte-Croix, les Oblats de Marie-Immaculée, les Clercs de Saint-Viateur, les Frères des écoles chrétiennes et les Frères de Saint-Gabriel) et cinq diocèses ou archidiocèses (Montréal, Saint-Jean-Longueuil, Joliette, Québec et Trois-Rivières).
«Environ 800 victimes se sont déjà manifestées pour s’inscrire à ces différents recours», a-t-il indiqué.
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