À Montréal, dix-neuf croix de chemin s’élèvent sur autant de rues. Pour mettre en valeur ces croix souvent ignorées par les passants, Caroline Tanguay, responsable du patrimoine religieux et des arts sacrés du diocèse de Montréal, a eu l’idée de créer un pèlerinage.
«Lorsque nous voyageons à l’extérieur des grandes villes, nous remarquons les croix de chemin qui sont sur notre passage. Toutefois, nous avons tendance à oublier que sur l’île de Montréal il y en a aussi. Elles sont parmi nous. Ce sont des éléments de notre vie qui nous invitent à prier», rappelle Mme Tanguay.
Conçu dans le cadre des festivités du 375e anniversaire de Montréal, le pèlerinage commence avec la petite croix érigée sur le terrain de l’église Sainte-Maria-Goretti dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. «Cette croix blanche est toute simple et ne possède aucune décoration. Pendant que nous la contemplons, nous sommes invités à prendre le temps de faire le signe de la croix en toute conscience.»
Le parcours se termine avec la croix du Mont-Royal.
«Elle nous rappelle que sieur de Maisonneuve, devant les menaces d’une inondation lors du premier hiver de la colonie, a promis l’érection d’une croix si la jeune communauté était épargnée», relate Mme Tanguay.
Sept des dix-neuf croix de chemin se trouvant à Montréal ont été sélectionnées pour le parcours. Les autres ont été retranchées pour des raisons de sécurité et d’emplacement.
Un itinéraire ainsi que des fiches accompagnant le pèlerin dans sa démarche sont disponibles sur le site Internet spécialement conçu par le diocèse de Montréal dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal.
«Le pèlerin peut ainsi préparer son pèlerinage en imprimant les fiches ou en les consultant sur son portable ou sur son cellulaire. Les personnes qui ne peuvent pas se déplacer peuvent aussi vivre le pèlerinage de manière virtuelle», souligne Caroline Tanguay.
Traversant l’île de Montréal d’est en ouest, le pèlerinage est difficilement réalisable à pied. Un véhicule est nécessaire. Toutefois, précise Mme Tanguay, «on peut faire le circuit dans une même journée. On peut même en sélectionner quelques-unes et réserver les autres pour une autre journée. Le pèlerinage est conçu de telle manière que le pèlerin décide par lui-même de son itinéraire et du temps qu’il lui consacre.»
Une fiche est consacrée à chacune des croix de chemin qui jalonnent le parcours. «Sur chacune, nous retrouvons l’adresse de la croix de chemin et l’itinéraire pour s’y rendre. Lorsque la croix est située à proximité d’une église, nous avons mentionné l’horaire de la messe et, le cas échéant, de l’adoration eucharistique. Nous retrouvons également un passage tiré de la Bible et une réflexion ainsi que des questions permettant au pèlerin d’aller plus loin dans sa démarche.»
C’est notamment le cas de celle érigée sur le boulevard Gouin, dans le nord-est de Montréal, l’un des «coups de cœur» de la responsable.
«Elle a une histoire intéressante. Cette croix était située sur le boulevard Pie IX auparavant. La Ville l’a restaurée et déplacée à ce nouvel endroit qui est plus sécuritaire. Elle est sur le terrain de la maison historique Brignon-dit-Lapierre. La croix est rouge et blanche et arbore deux lances.»
Ce pèlerinage n’est pas un pèlerinage ordinaire, insiste Mme Tanguay. «Le parcourir, c’est redécouvrir notre ville. C’est constater aussi que la croix est présente un peu partout sur l’île. De plus, pour nous, catholiques, elle est notre symbole. Ce n’est pas un signe astrologique. Réaliser un pèlerinage, c’est se mettre en marche sur les pas de Jésus. Nous n’avons pas besoin de partir très loin pour le faire.»