Le pape François et le primat de l’Église anglicane ont apposé leurs signatures à un document exhortant leurs Églises respectives à collaborer de manière plus étroite afin qu’elles puissent prier en commun, annoncer conjointement l’Évangile, et mieux coordonner leurs efforts en matière d’action caritative et de promotion de la justice.
Le 5 octobre, le pape François a rencontré Mgr Justin Welby, archevêque de Canterbury et primat de la Communion anglicane, en marge d’une rencontre de la Commission internationale anglicane-catholique romaine pour l’unité et la mission. Ils ont sommé les 38 évêques membres de ce panel épiscopal (19 catholiques, 19 anglicans) à favoriser le rapprochement et la collaboration entre les deux Églises, à l’échelle locale et nationale.
«Aujourd’hui, nous sommes heureux de mandater ces évêques et de les envoyer en mission deux par deux, imitant en cela ce que notre Seigneur a fait lorsqu’il a envoyé ses 72 disciples [annoncer l’Évangile, deux par deux]», peut-on lire dans cette déclaration conjointe signée par François et Justin Welby.
L’évêque anglican de Québec, Mgr Dennis Drainville, et l’évêque catholique de Victoria (Colombie-Britannique) ont tous deux assisté à cette rencontre de la Commission internationale anglicane-catholique romaine.
Les évêques présents ont participé à une messe vespérale œcuménique, célébrée en latin et en anglais à l’église Saint-Grégoire-le-Grand de Rome. C’est dans cette église que le pape Grégoire Ier avait réuni Augustin de Canterbury et ses compagnons moines, avant qu’il ne les envoie évangéliser l’Angleterre, en 597.
Cette célébration liturgique coïncidait avec la commémoration du 50e anniversaire de la rencontre historique entre le pape Paul VI et le primat anglican Michael Ramsey, en mars 1966. Cette rencontre a jeté les bases du dialogue entre les deux Églises.
Dans son homélie, le pape François a jeté un regard rétrospectif sur les relations entre l’Église catholique et l’Église anglicane au cours des derniers siècles. Pendant trop longtemps, catholiques et anglicans se sont emmurés dans la méfiance réciproque, «perdant ainsi de vue les frères [de foi] qui cheminaient pourtant à leurs côtés». Pendant trop longtemps, a martelé le pape, nos Églises respectives ont été «incapables de se reconnaître l’une et l’autre, et de se réjouir de la grâce et des dons que chacune d’entre elles a reçu».
François s’est cependant réjoui du chemin parcouru par les catholiques et les anglicans au cours des dernières décennies, le pape se disant convaincu que Dieu marche aux côtés de son peuple et qu’il souhaite que les deux Églises continuent de cheminer ensemble. Les 38 évêques de la Commission anglicane-catholique romaine sont appelés à être des «instruments de la communion, en tout temps et en tout lieu».
Lors de son homélie, Mgr Welby s’est désolé des querelles fratricides qui divisent encore les chrétiens, de nos jours. «Lorsque nous nous entredéchirons entre chrétiens, lorsque nous cessons de faire preuve de miséricorde et de nous pardonner les uns les autres, nous désobéissons aux commandements du Seigneur. Pis encore, nous cessons d’être pasteurs, puisque nous dévorons alors nos propres moutons. Nos Églises se transforment dès lors en arènes de gladiateurs où se livrent des combats sans merci.»
Dans leur déclaration commune, le pontife romain et le primat anglican ont tenu à rappeler l’audace mais aussi la lucidité qui animaient leurs prédécesseurs, Paul VI et Michael Ramsey, lorsqu’ils ont jeté les premières bases du dialogue entre leurs deux Églises. En 1966, «de ‘sérieux obstacles’ se dressaient sur le chemin et nuisaient à restauration de l’unité [théologique] et sacramentelle entre nos Églises. Cela dit, ils sont malgré tout allés de l’avant.»
Ce dialogue est désormais jalonné de «nombreux progrès». Or, au cours des dernières années, de nouveaux désaccords ont surgi entre les deux Églises, notamment «autour des questions liées à l’ordination des femmes ou à la sexualité humaine», peut-on lire dans cette déclaration.
Ces différends ne doivent cependant pas empêcher les deux Églises de poursuivre leur dialogue et de se reconnaître comme des «sœurs en [Jésus] Christ, en raison de leur baptême commun».
Cindy Wooden, CNS
Trad. et adapt. F. Barriault, pour Présence