Une vingtaine de délégués anglicans et catholiques de la Commission internationale anglicane-catholique romaine (CIACR III) étaient réunis à Toronto ces derniers jours. C’est la première fois que ce groupe de dialogue oecuménique se réunissait au Canada.
Au terme de plus de 50 ans de dialogue œcuménique, l’Église catholique et les membres de la Communion anglicane veulent raffiner leurs discussions, afin de mieux comprendre les différences et les ressemblances entre leurs Églises respectives.
Depuis 1967, des délégués des Églises catholique et anglicanes se rencontrent au sein d’un panel de dialogue œcuménique: la Commission internationale anglicane-catholique romaine (CIACR). Trois grandes rondes de discussion ont jalonné ce dialogue, dont la dernière phase (CIACR III) a été lancée en 2011.
Cette troisième phase du dialogue anglican-catholique n’a pas encore produit de document majeur. Les délégués de CIACR III étudient présentement les processus qu’empruntent l’Église catholique et les membres de la Communion anglicane lorsqu’il s’agit d’élaborer leurs théologies morales respectives.
À Toronto, les membres de la CIACR ont fait le bilan des discussions qui ont jalonné le dialogue anglicano-catholique depuis le concile Vatican II. Ils ont dégagé trois grandes lignes de force: les enjeux faisant consensus, les questions étant encore débattues et les points d’achoppement du dialogue entre catholiques et anglicans.
Les deux Églises s’entendent plutôt bien lorsqu’il est question d’ecclésiologie, d’eucharistie, de liturgie ou d’éthique. Elles sont toutefois en désaccord en matière de discipline ecclésiastique, qu’il s’agisse d’ordination des femmes, d’ordination d’évêques ouvertement gais, ou encore de bénédiction de mariages entre conjoints de même sexe. Notons que l’enjeu des unions homosexuelles a donné lieu à des discussions corsées au sein de la Communion anglicane.
Des discussions ardues
Selon l’évêque anglicane canadienne Linda Nicholls, cette rencontre de la CIACR entend justement s’attaquer de front à ces enjeux controversés.
Le dialogue anglicano-catholique a fait des pas de géants lors des conférences CIACR I et CIAR II. «À la lumière de tout cela», note Mgr Nicholls, «comment se fait-il que nous soyons si éloignés les uns des autres [en matière d’égalité hommes-femmes et de morale sexuelle]?» Selon l’évêque du diocèse anglican de Huron, en Ontario, «nous sommes très près du but». Elle admet toutefois que le dernier droit de ces discussions sera «très ardu».
Linda Nicholls est également membre du Dialogue anglican-catholique romain du Canada (DACRC). Depuis sa création en 1971, ce panel œcuménique s’est toujours assuré que l’un de ses membres participe aux rencontres de la CIACR, le forum international de dialogue anglicano-catholique. Cette année, les membres du DACRC se sont assurés de faire coïncider leur rencontre annuelle avec celle de la Commission internationale anglicane-catholique romaine, afin que les deux entités puissent dialoguer entre elles.
Lors de l’homélie prononcée à l’occasion d’une messe vespérale célébrée à la cathédrale anglicane St. James de Toronto, Mgr Bernard Longley, l’archevêque catholique de Birmingham, en Angleterre, a sommé les membres de la Commission internationale de faire preuve de courage et d’ouverture. Les enjeux controversés et les points de désaccords entre les deux Églises «ne doivent pas nous paralyser, ni nous pousser à l’inaction».
La Commission internationale doit désormais faire face à des enjeux qui étaient inexistants au moment de sa création, note Mgr Longley. Les anglicans ont âprement débattu de la question du mariage entre conjoints de même sexe. Pendant ce temps, les catholiques se sont entredéchirés sur diverses questions liées à la morale sexuelle ou la contraception, depuis la publication de l’encyclique «Humanae vitae [en 1968]».
L’apport de la sociologie
Le dialogue œcuménique est habituellement mené par des théologiens et des spécialistes de l’histoire de l’Église. Depuis sa fondation en 1967, les membres de la CIACR ont publié vingt déclarations conjointes abordant une pluralité d’enjeux théologiques ou ecclésiologiques, qu’il s’agisse d’eucharistie, de théologie mariale, d’ordination des ministres consacrés, de communion ecclésiale et d’exercice du pouvoir dans l’Église.
Selon Mgr Arthur L. Kennedy, l’archevêque auxiliaire de Boston, les membres de la CIACR devraient également solliciter l’expertise des sociologues afin de mieux comprendre de quelle manière les catholiques et les anglicans «ordinaires» s’approprient et mettent en pratique l’enseignement officiel de leur Église. Le dialogue œcuménique ne saurait être confiné à des rencontres à huis clos entre éminents experts. Le dialogue doit aussi tenir compte de la culture actuelle et de ce qui se vit au jour le jour, sur le terrain, dans nos paroisses.
D’après un texte de Michael Swan, CNS
Trad. et adapt. F. Barriault, pour Présence