La très attendue réouverture des lieux de culte pourra avoir lieu.
En fin de matinée, la Table interreligieuse de concertation a devancé le gouvernement du Québec en émettant un communiqué dans lequel ses membres se «réjouissent» de l’annonce attendue pour le début d’après-midi le 17 juin. Elle ne se gêne toutefois pas pour critiquer la «méconnaissance» gouvernementale des réalités religieuses du Québec, estimant qu’elle a retardé l’ouverture des lieux de culte.
L’annonce fait partie de la vague de déconfinement que le gouvernement doit annoncer mercredi. Selon nos informations, les lieux de culte ne feront pas partie des exceptions qui devront poursuivre le confinement. Leur réouverture devrait être possible dès le 22 juin.
«Cette annonce suit l’approbation par la Santé publique de la version finale d’un protocole conjoint soumis au début du mois par la Table interreligieuse de concertation», précise-t-elle.
Le protocole prévoit des règles «strictes» que les divers groupes religieux de la province s’engagent à suivre afin d’éviter la propagation du coronavirus.
«Les églises, synagogues, mosquées et autres s’affairent déjà à les appliquer, chacune à son rythme», assure-t-on.
La Table souligne que la pandémie a donné l’occasion aux responsables de diverses communautés de foi du Québec de tisser des liens plus serrés, «de discuter et de parler d’une seule voix aux autorités gouvernementales».
«La crise a également mis en évidence une profonde méconnaissance des religions et des bienfaits qu’elles procurent à des centaines de milliers de personnes au Québec, affirme la Table. Il est regrettable que l’autorisation de rouvrir les lieux de culte ait été retardée par cette méconnaissance.»
Les leaders chrétiens, juifs et musulmans rappellent l’importance de la foi pour un très grand nombre de citoyens.
«La réouverture des lieux de culte leur permettra de renouer avec des services qu’ils estiment ‘essentiels’ et de renforcer les motivations qu’ils y puisent pour participer activement à la construction d’une société fondée sur la justice, la solidarité et la paix», souligne le communiqué.
Les membres de la Table signifient d’emblée leur désir de continuer à collaborer afin de développer «un forum permanent de dialogue aussi bien entre les groupes religieux qu’avec les autorités gouvernementales et avec la société québécoise en général».
Une annonce qui vient des évêques
Les évêques du Québec n’ont pas attendu Québec pour publier l’information.
«L’Assemblée des évêques catholiques du Québec annonce aujourd’hui la réouverture des églises», pouvait-on lire sur son site Web en milieu de journée.
«Le gouvernement a annoncé lundi dernier qu’à partir du 22 juin prochain les rassemblements intérieurs dans les lieux publics étaient autorisés, jusqu’à un maximum de 50 personnes, rappelle l’Assemblée des évêques catholiques du Québec. Cela signifie qu’à nouveau, sous l’autorité des diocèses, les communautés chrétiennes pourront, chacune à leur rythme, se réunir pour se retrouver, célébrer leur foi et rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’ont fait les travailleurs de la santé au cours des derniers mois pour soigner et sauver la vie de leurs sœurs et frères.»
Pour les évêques catholiques du Québec, cela signifie également qu’il sera possible d’accueillir les familles endeuillées afin de célébrer des funérailles à l’église.
«Pour faciliter cet accueil, notre assemblée est en dialogue avec la Corporation des thanatologues du Québec et avec l’Association des cimetières chrétiens du Québec afin de coordonner nos efforts pour accueillir respectueusement les familles le plus rapidement possible», assure l’AECQ.
L’Assemblée rappelle l’importance de rester vigilant pour continuer d’endiguer la propagation de la COVID-19. Des protocoles sanitaires « spécifiques à la liturgie catholique » seront appliqués.
«Les équipes paroissiales sont actuellement à pied d’œuvre pour se les approprier et les mettre en application. Il sera ainsi possible d’accueillir les croyantes et les croyants de tout âge dans un environnement sécuritaire pour célébrer leur foi», note l’AECQ.
Pour les évêques, les catholiques ont joué un rôle citoyen important pour limiter la contagion en se pliant à la demande du gouvernement de ne pas se rassembler dans les lieux de culte.
Une «tâche colossale»
De son côté, l’évêque de Saint-Hyacinthe et président de l’AECQ, Christian Rodembourg, reconnait que «plusieurs parmi nous ont vécu difficilement la privation du sacrement de l’eucharistie et l’absence de célébrations reliées à diverses étapes de notre vie humaine: baptêmes, confirmations, mariages, funérailles […] ».
«Avec mes frères évêques du Québec, je tiens à remercier chacune et chacun d’entre vous d’avoir contribué aux efforts demandés en vue d’éviter au maximum la propagation de la COVID-19», écrit-il dans une lettre publiée en fin de matinée le 17 juin.
Il remercie aussi les prêtres, les diacres, les agentes et agents de pastorale «qui ont redoublé d’imaginations et d’efforts afin de donner vie autant que faire se peut, à leurs communautés chrétiennes respectives».
Il évoque une réouverture progressive des lieux de culte, notant que tous ne pourront pas rouvrir en même temps.
«C’est une tâche colossale à relever afin de mettre en place les protocoles sanitaires préparés avec minutie. Je vous invite, dès à présent, à mettre la main à la pâte afin de les soutenir concrètement. Plus que jamais, un esprit de fraternité et de service sont nécessaires pour l’épanouissement de nos communautés chrétiennes», ajoute-t-il.
Depuis quelques semaines, la grogne était palpable dans plusieurs milieux religieux, notamment chez les catholiques qui taisaient de moins en moins leur frustration au fur et à mesure que d’autres lieux publics étaient autorisés à rouvrir leurs portes.
Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec, a réagi en début d’après-midi en disant que cette annonce était attendue depuis plusieurs semaines. «Si vous saviez le nombre de messages que j’ai reçus de la part de croyants et croyantes désireux de pouvoir se réunir à nouveau. Ils sont nombreux à être prêts à mettre la main à la pâte pour que la réouverture se fasse en protégeant les personnes plus vulnérables à la COVID-19», a-t-il dit.
Le vendredi 12 juin, les lieux de culte ont été autorisés à rouvrir en Ontario, moyennant diverses conditions d’hygiène strictes.
La réouverture des lieux de culte au Québec devrait se faire de manière progressive, en commençant d’abord à permettre des démarches individuelles. «Comme dans tous les diocèses du Québec, le déconfinement sera progressif», a confirmé l’archidiocèse de Québec. «Au fur et à mesure que les leaders locaux auront constitué et formé les équipes de bénévoles nécessaires, ils pourront ouvrir les lieux dont ils ont la responsabilité pour les rassemblements.»
Mis à jour à 13 h 33 le 17 juin 2020.
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