«Quand notre ami Jean est entré dans sa nouvelle vie, il a reçu un accueil chaleureux» de gens «qu’il a connus et admirés» et qui l’«attendaient à bras ouverts», a dit le missionnaire Édouard-René Morin durant l’homélie qu’il a prononcée lors des funérailles de Jean Ménard le vendredi 7 février 2020.
Dans ce comité d’accueil, «il y avait, sur la première ligne, Jésus de Nazareth, en habit de travail». Autour de lui, se tenaient «les défenseurs des droits humains persécutés, torturées et assassinés durant les dictatures militaires d’Amérique latine» ainsi que des syndicalistes, dont «son grand ami, Michel Chartrand».
Il y avait aussi des membres de l’Église latino-américaine, comme Helder Camara, l’évêque-prophète des pauvres du Brésil, et Oscar Romero, l’évêque-martyr du Salvador.
«Sachant que tu es si bien accompagné pour l’éternité, repose dans la paix de ton Seigneur», a ajouté l’abbé Morin, membre de la Société des Missions-Étrangères.
Jean Ménard, un prêtre missionnaire qui a travaillé en pastorale ouvrière en Amérique latine ainsi qu’au Québec, est décédé le dimanche 26 janvier 2020, à l’âge de 91 ans.
Une soixantaine de personnes et une trentaine de prêtres de la Société des Missions-Étrangères ont salué une dernière fois ce missionnaire, dont «les prises de position parfois radicales en faveur de la justice n’ont laissé personne indifférent et lui ont valu d’être incompris et critiqué par plusieurs».
«Jean a vécu sa vocation solidaire le plus souvent en marge de l’Église», a reconnu l’abbé Morin dans son homélie. «Il a préféré se situer à la périphérie du monde, là où peu de personnes osent aller servir.»
Présent aux funérailles, le syndicaliste Gérald Larose, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) de 1983 à 1999, a rendu hommage à son ami, «un éveilleur de conscience et un porte-voix de celles et ceux qui n’en avaient pas».
«Jean s’indignait férocement contre la dictature économique des voleurs en cravates, des collets montés et de toutes espèces de rapaces avides finis de profits, de paradis fiscaux et de siphonnage systématique de fonds publics», a rappelé le syndicaliste dans la chapelle Maison centrale de la Société des Missions-Étrangères.
«Jean vivait avec le monde. Il en partageait les conditions. Son cœur était pétri de solidarité. Et sa tête toute rivée aux luttes à mener. Et c’est au cœur et à partir de cette vie qu’il donnait sens à la croix, à l’Église, à l’espérance, à la résurrection.»
Pour Gérald Larose, la spiritualité de Jean Ménard «donnait de la corne aux mains et du rythme aux pieds».
Les cendres de l’abbé Ménard ont été déposées dans un colombarium récemment installé à l’arrière de la chapelle de la Société des Missions-Étrangères, une société missionnaire internationale formée de prêtres et de laïcs. Jean Ménard en était membre depuis 1954.
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