Neuf fois championne canadienne, la boxeuse ontarienne Mandy Bujold, 29 ans, s’est qualifiée pour les jeux de Rio en remportant la médaille d’or au tournoi de qualification olympique des Amériques en mars dernier. Profondément croyante, elle a fait de la prière une partie intégrante de sa routine sportive. Présence s’est entretenue avec elle quelques jours avant son départ pour Rio.
Présence : Pourquoi avoir choisi la boxe comme sport?
Mandy Bujold : Lorsque j’avais sept ans, mon père a acheté un sac de boxe (punching bag) et des gants, car mes deux frères n’arrêtaient pas de se chamailler. J’ai commencé à l’utiliser. Le plus vieux de mes frères s’est inscrit dans un centre d’entraînement. À seize ans, j’ai fait comme lui. Dès que je suis montée sur le ring pour m’entraîner, cela est devenu une passion. Pourtant, je n’ai jamais aimé le sport. Je n’ai même pas suivi de cours de gymnastique à l’école! La boxe est un sport qui est difficile à apprivoiser. J’aime aussi le fait qu’il y a toujours quelque chose à apprendre. Il y a toujours un adversaire différent.
Présence : Tu as déjà déclaré qu’avant les combats, ta mère et toi priez ensemble. Comment vis-tu ta foi en tant que sportive?
Mandy Bujold : J’ai toujours été au culte avec ma famille. Ma foi a toujours été présente dans ma vie. Elle est très importante pour moi. Quand j’ai commencé à boxer, c’est tout naturellement que j’ai intégré ma foi dans ce sport. Ma mère et moi, nous prions ensemble afin que mon combat se déroule bien, pour que je ne sois pas blessée. Vous savez, les athlètes ont souvent des routines particulières avant leur prestation ou leur combat. Moi, lorsque je commence mon réchauffement avant un combat, je prie. Cela me fait beaucoup de bien. Je chante aussi des chants religieux. Je mets ma foi dans quelque chose de plus important que les juges.
Présence : Est-ce que le fait d’avoir la foi change la manière dont tu considères tes adversaires?
Mandy Bujold : Je ne sais pas si cela change vraiment ma manière de voir mes adversaires. Cependant, cela change la manière dont j’entre sur le ring. Je sais que ce n’est pas juste moi qui pénètre sur le ring. Je ne suis pas seule! Jésus m’a donné les talents pour que je puisse boxer. Je suis persuadée qu’il y a une raison pour laquelle je boxe. Moi, je ne le sais pas. Oui, j’aime la boxe. Cependant, je crois qu’il y a une raison plus profonde que cela. Peut-être qu’un jour je vais comprendre pourquoi le Christ m’a conduite là.
Présence : Lorsque tu perds un combat, est-ce que ta foi t’aide à encaisser la défaite?
Mandy Bujold : Certainement! Je remets le tout entre ses mains. Je lui dis : «Jésus, c’est trop difficile pour moi. Aide-moi». Je consulte régulièrement un psychologue. Avec Jésus et mon psy, je me sens très équilibrée! Vous savez, sans la foi je serais incapable de boxer. Le stress est très difficile à supporter.
Présence : Sur le ring, tu fais ton signe de croix. Est-ce important pour toi de montrer que tu as la foi?
Mandy Bujold : C’est intéressant cette question, car je ne suis pas catholique! J’ai pris cette habitude sans vraiment y penser. Cela fait partie de ma routine depuis très longtemps. En fait, c’est pour moi que je le fais. Ce n’est pas un geste que je pose afin de montrer ma foi au monde.
Présence : Malgré tout, est-ce que ce geste provoque des réactions de ton entourage?
Mandy Bujold : Vous savez les boxeurs posent souvent des gestes de ce genre. Certains posent le genou par terre avant de commencer leur combat. Cependant, il m’arrive de recevoir des commentaires de boxeuses ou de boxeurs qui viennent me rencontrer pour me confier avoir la foi. Un jour, un père dont le fils est boxeur est venu me voir pour me partager sa foi. Depuis ce jour, nous correspondons et nous nous encourageons. Nous prions l’un pour l’autre.
Présence : Tu seras à Rio. Est-ce que la foi des athlètes est prise en considération?
Mandy Bujold : Oui tout à fait. Lors des importantes compétitions, comme les Jeux panaméricains et les Jeux olympiques, il y a des aumôniers qui sont présents. Il y a des messes et des cultes. Des chapelles multiconfessionnelles qui sont aménagées pour les athlètes croyants. Personnellement, j’ai un aumônier qui me suit depuis longtemps. Avec lui, j’ai connu d’autres athlètes qui ont la foi. Moi, à Rio, je vais avoir aussi ma Bible et mon iPod. J’aime chanter des chants religieux. J’aime beaucoup pouvoir rencontrer d’autres athlètes qui, comme moi, ont la foi. Nous formons une belle communauté.
Notes biographiques
Date de naissance : 25 juillet 1987
Âge : 29
Taille : 160cm
Poids : 51kg
Ville natale : Cobourg (Ont.)
Ville d’attache : Kitchener (Ont.)