«Vous savez quel est le nom de la plus ancienne université dans le monde?», a demandé l’imam Hassan Guillet à la centaine de personnes réunies au Centre communautaire laurentien de Ville St-Laurent.
«C’est l’université Al Quaraouiyine à Fès au Maroc.»
«Nos sœurs féministes seront heureuses de l’apprendre», a ajouté l’imam du Centre culturel Al-Imane de Saint-Jean-sur-Richelieu. «Cette université a été fondée par une femme, Fatima Al Fihryia», a-t-il dit sous une salve d’applaudissement.
Ces mots de l’imam Guillet, prononcés lors d’une Célébration de la lumière, une activité interreligieuse organisée par l’Association musulmane du Canada, l’Église unie Saint-James et la Mission communautaire de Montréal, ont faire sourire la centaine de personnes présentes dans cette salle de réception attenant à la mosquée Al Rawdah le samedi 16 décembre.
L’imam Guillet a ensuite expliqué que le philosophe musulman Averroès, le juriste juif Moïse Maïmonide et le futur pape Sylvestre II ont fréquenté cette université. «Vous voyez cela. Un homme qui va devenir pape au Vatican et qui étudie dans une université musulmane fondée par une femme!»
«Nous mériterions tous de graduer de cette université», a dit l’imam aux représentants d’Églises, de synagogues et de mosquées réunis lors de cette soirée tenue quelques jours avant la fête de Noël et au terme d’une semaine pénible pour la communauté musulmane de Montréal.
Quelques heures avant cet événement festif, le réseau TVA s’est excusé d’avoir affirmé, dans un reportage, que des dirigeants musulmans montréalais avaient exigé que des travailleuses soient exclues d’un chantier de construction érigé à proximité de deux mosquées.
Aucun des dix conférenciers, dont la ministre fédérale Mélanie Joly, n’ont toutefois mentionné cette affaire. Ils ont préféré «célébrer leurs différences plutôt que de les cacher» et «montrer le plus beau visage de Montréal», selon les mots de Hadi Moussaddy, un dirigeant du chapitre québécois de l’Association musulmane du Canada. La mosquée Al Rawdah et le Centre communautaire laurentien, qui accueillaient cette réception interconfessionnelle pour une seconde année consécutive, font partie de cette association.
Arlen John Bonnar, pasteur de l’Église unie Saint-James, a expliqué que durant les quatre semaines qui précèdent Noël, les chrétiens allument des bougies qui représentent l’espoir, la paix, la joie et l’amour.
«Puisque nous sommes chrétiens, juifs et musulmans. Puisque nous sommes, chacun et chacune d’entre nous, à la recherche de l’espoir, de la paix, de la joie et de l’amour dans nos communautés de foi et pour notre monde, on peut bien allumer ensemble ces chandelles», a-t-il dit.
Ministre du Patrimoine canadien et députée fédérale d’Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly, arrivée à la fin de l’événement, s’est réjouie de vivre au Canada, «un pays où, peu importe notre religion, notre culture, nos croyances, on peut vivre en paix et où on se sent partout chez soi». La soirée interconfessionnelle à laquelle elle avait été invitée à titre de députée locale est un nouvel exemple qui «montre au monde entier que c’est possible de vivre en paix plusieurs cultures ensemble», a-t-elle déclaré.