« Sont-ils tous à vous ? » Cette question, les familles Osborne et Larouche l’entendent souvent. Les gens qui les croisent ne peuvent faire autrement que d’être étonnés : après tout, les familles de cinq enfants et plus ne courent plus les rues. Mais pour elles, ce n’est pas tant une question de nombre qu’une question de « faire l’expérience de la providence ».
Dans le Centre de convention de Philadelphie, c’est un groupe en soi. Trouver un endroit où asseoir tout ce monde est un défi qui demande un sens d’anticipation. Et d’entraide. Les enfants les plus âgés donnent volontiers un coup de main aux parents en ayant pour leurs frères et sœurs plus jeunes une sollicitude fraternelle.
Chantale et Christian Larouche ont essayé plusieurs années avant de réussir à avoir un premier enfant. Les voilà aujourd’hui comblés avec pas moins de cinq enfants, âgés de 6 à 15 ans. Selon ce couple domicilié à Sherbrooke, même si les gens sont étonnés en les voyant en raison de la rareté des familles nombreuses au Québec aujourd’hui, ils notent que les réactions sont généralement « positives ».
Leurs amis et compagnons de voyage à Philadelphie cette semaine sont originaires de Saint-Lambert-de-Lauzon sur la rive sud de Québec. Alison et Paul-Julien Osborne se disent désormais habitués de voir des gens chuchoter sur leur passage. Et pour cause : sept enfants, c’est plutôt rare. Même à la Rencontre mondiale des familles de Philadelphie, où se trouvent plusieurs familles catholiques nombreuses, la taille de leur famille étonne.
Philadelphie, l’expérience improbable
Pour se rendre à Philadelphie, les deux familles ont loué un autobus pouvant transporter 21 personnes. Ils voyagent avec quelques autres membres de la Famille Marie-Jeunesse, une communauté catholique nouvelle dans laquelle ils sont impliqués.
Mais à deux semaines de l’événement, leur présence à Philadelphie semblait utopique. Devant les frais élevés et la difficulté à loger deux familles aussi nombreuses, tout indiquait que l’aventure n’aurait pas lieu. « On commençait quasiment à chercher sous les ponts », lance à la blague M. Larouche.
Puis, grâce à l’aide des organisateurs de la Rencontre mondiale des familles, ils ont trouvé un presbytère vide dans une paroisse au nord de la ville. Mis au courant de leur venue, les paroissiens sont venus leur porter de la nourriture au point où ils ont même eu des restants pour le lendemain. Certaines dames se sont même chargées de laver leurs vêtements.
« Pour nous et les enfants, c’est l’expérience concrète de la providence », expliquent-ils, qualifiant l’accueil qu’ils ont reçu « d’extraordinaire ».
Les deux familles québécoises reconnaissent qu’elles ne laissent personne « indifférent ». « On voit des doigts qui comptent et des voix qui chuchotent ‘sept’ sur notre passage », explique Alison Osborne, qui précise qu’on lui demande souvent si les enfants sont tous du même père.
« Les gens nous disent : ‘on ne voit pas ça souvent, mais c’est beau’. Et les plus âgés ajoutent : ‘nous étions plus de dix ! Nous dormions tous ensemble’ », ajoute-t-elle en admettant qu’elle a eu à l’occasion des moments de vertige après l’arrivée de chaque nouvel enfant.
Paul-Julien Osborne explique que le couple ne voulait pas « mettre de barrière à Dieu ». « Mon cœur, quand je me tournais vers Dieu, me disait : ‘tu ne peux pas enterrer ton trésor. Tu es appelé à être père ? Sois père’ », dit-il.
Dans les deux familles, le père travaille et la femme fait l’école à la maison pour les enfants.
De son côté, Chantale Larouche a dû attendre dix ans de mariage avant de mettre au monde son premier enfant. Les médecins estimaient à moins d’une chance sur cinq qu’elle puisse enfanter un jour.
« C’est une bénédiction, mais c’est aussi une grâce. Nos enfants sont des cadeaux de Dieu, ils sont le fruit de la prière. C’est plus que ce qu’on n’aurait jamais rêvé », dit-elle, émue devant cette « providence ».
Les familles apprécient leur séjour à la Rencontre mondiale des familles. Elles se disent heureuses de voir que les enfants peuvent vivre cette expérience de foi au contact des autres et entre eux. « Nous ne sommes pas venues juste pour nous, disent-elles, mais pour pouvoir partager cette expérience par la suite. »
Une expérience qui, pour elles, n’est que la continuité de la « providence » expérimentée avec les enfants.