L’Église catholique et tous ses membres doivent pouvoir écouter les jeunes de manière plus sérieuse, prendre leurs questions au sérieux, les reconnaître en tant que membres à part entière de l’Église, les accompagner patiemment et offrir des conseils pour bien discerner les moyens pour vivre leur foi, a déclaré le Synode des évêques.
Bien que le document final du synode parle d’amitié, d’affection, de sexualité et d’«inclinations sexuelles», ces questions ne sont pas au centre des préoccupations du long document final, publié le 27 octobre.
Le synode, qui a débuté le 3 octobre et se terminait par une messe le 28 octobre, a rassemblé 267 membres votants – cardinaux, évêques, 18 prêtres et deux frères religieux – et 72 experts et observateurs, dont une douzaine d’hommes et de femmes de moins de 30 ans pour discuter «des jeunes, de la foi et du discernement vocationnel».
Pour le vote sur le document final, 249 évêques et prêtres ont participé. L’approbation des deux tiers (166 voix), étaient nécessaires pour conserver un paragraphe dans le document. La version sur laquelle ils ont voté comportait 167 paragraphes numérotés.
Le document final est axé sur l’amélioration des moyens de soutenir l’appel du baptême de jeunes catholiques à la sainteté, de saluer les contributions qu’ils apportent à l’Église et de les aider dans leur processus de croissance dans la foi et dans la détermination de l’état de vie qui correspond le mieux à ce que Dieu veut d’eux.
L’accent mis sur l’écoute de la jeunesse par les Églises a également conduit à une volonté d’écouter toutes les personnes, y compris les femmes, pour le renouvellement des communautés et des structures en une «Église synodale» où tous les membres s’écoutent, se soutiennent, se défient et se partagent la responsabilité de l’unique mission de l’Église de répandre l’Évangile.
«L’écoute est une rencontre dans la liberté, qui nécessite humilité, patience, volonté de comprendre et un engagement à élaborer des réponses d’une nouvelle manière», précise le document. «L’écoute transforme le cœur de ceux qui le vivent, surtout quand ils adoptent une attitude intérieure d’harmonie et de docilité à l’égard de l’Esprit du Christ.»
Les évêques ont déclaré que beaucoup de jeunes avaient exprimé le besoin d’une «conversion culturelle courageuse et d’un changement de la pratique pastorale quotidienne» afin de promouvoir l’égalité des femmes dans la société et dans l’Église.
«Un domaine particulièrement important à cet égard est la présence des femmes dans les organes de l’Église à tous les niveaux, y compris dans les rôles de direction, et la participation des femmes au processus de prise de décision de l’Église tout en respectant le rôle du ministère ordonné», indique le document. «C’est un devoir de justice.»
Cependant, le document final a été modifié avant son adoption pour supprimer une suggestion spécifique sur la manière de commencer à promouvoir une plus grande égalité dans l’Église. Le passage appelait à «éviter la disparité» lors du synode entre l’Union des supérieurs généraux, qui compte 10 membres masculins votant au synode, et l’Union internationale des supérieures générales, qui comptait trois observatrices ne pouvant pas voter lors de l’assemblée.
Le document reconnaît que, dans certains pays, les jeunes s’éloignent de l’Église ou remettent en question ses enseignements, en particulier en matière de sexualité.
La réponse de l’Église, a précisé le synode, doit être un engagement de temps et de patience, car elle aide les jeunes «à comprendre le lien qui existe entre leur attachement à la foi en Jésus-Christ et leur façon de vivre leur affectivité et leurs relations interpersonnelles».
La position de l’Église selon laquelle tout le monde est appelé à la chasteté et à s’abstenir de relations sexuelles en dehors d’un mariage entre un homme et une femme doit être présenté clairement, mais pas avec une attitude de jugement, lit-on.
Le document mentionne les questions des jeunes concernant l’homosexualité, l’orientation sexuelle et les différences entre hommes et femmes et appelle à «une élaboration anthropologique, théologique et pastorale plus approfondie» de la position de l’Église sur ces questions. Le document final utilise le terme «inclinaison sexuelle» plutôt que «orientation sexuelle», comme le faisait le projet de document.
«Le synode réaffirme que Dieu aime chaque personne et l’Église aussi, renouvelant son engagement contre toutes les formes de discrimination et de violence fondées sur le sexe», indique le document final. «Il réaffirme également la pertinence anthropologique déterminante de la différence et de la réciprocité entre l’homme et la femme et considère qu’il est réducteur de définir l’identité des personnes uniquement sur la base de leur «orientation sexuelle».»
Le paragraphe, répertorié sous «Sexualité: un mot clair, libérateur et authentique», a été adopté par les deux tiers requis, mais a reçu le moins de voix favorables, soit 178, alors que 65 évêques ont voté contre.
Les membres du synode ont également félicité les jeunes catholiques impliqués dans leurs paroisses ou leurs communautés, qui se consacrent aux projets de service, qui offrent leur temps et leur talent à la célébration de la liturgie paroissiale et qui sont disposés à en faire plus. Cependant, selon le document, trop souvent, les jeunes volontaires sont accueillis par des prêtres et d’autres adultes qui doutent de leur engagement ou de leur préparation ou qui ne souhaitent simplement pas partager les responsabilités avec eux.
Bien que les jeunes puissent se sentir négligés ou ignorés, les membres du synode ont déclaré que de telles attitudes étaient préjudiciables à l’Église et à son mandat missionnaire. Le document final disait que les jeunes incitent l’Église à être meilleure et que leurs questions forcent les membres plus âgés de l’Église à trouver des moyens plus clairs d’exprimer leurs enseignements ou de réagir à de nouvelles situations avec la sagesse de la foi.
«Leurs critiques sont également nécessaires parce que nous entendons souvent par leur voix la voix du Seigneur nous demandant une conversion du cœur et un renouvellement des structures», ont déclaré les membres du synode.
Le scandale des abus sexuels commis par des religieux et les scandales financiers dans l’Église catholique poussent beaucoup de gens, pas seulement les jeunes, à s’éloigner de la foi, a reconnu le synode.
Apparemment, certains évêques ont estimé que la section du projet sur les abus donnait trop d’importance au sujet aux États-Unis, en Irlande, en Australie et au Chili. Le document final le traite en trois paragraphes au lieu des cinq précédents.
Cependant, le document final, comme le brouillon, dit que «le Synode exprime sa gratitude à ceux qui ont eu le courage de dénoncer le mal qu’ils ont subi: ils aident l’Église à prendre conscience de ce qui s’est passé et de la nécessité de réagir de manière décisive» pour s’assurer que les abus ne continuent pas.
Derrière les abus, il y a un «vide spirituel» et une forme d’exercice du pouvoir qui conduit certains prêtres à croire que leur ordination leur donnait un «pouvoir» sur les autres plutôt que de les appeler au service des autres.
Sur la «vocation», les membres du synode ont souligné comment la vocation chrétienne fondamentale et commune est l’appel à la sainteté, qui peut et doit être vécue dans chaque état de la vie: jeune ou vieux, célibataire ou marié ou dans la vie sacerdotale ou religieuse.
«La vocation n’est ni un scénario qu’un être humain est appelé à réciter, ni un moment théâtral spontané ne laissant aucune trace», précise le document.
Le document final porte particulièrement attention aux programmes de préparation au mariage, considérés comme «une sorte d’initiation au sacrement du mariage», sur la sélection rigoureuse des candidats à la prêtrise et sur les programmes de séminaire pour faire en sorte que les futurs prêtres soient des hommes capables de reconnaître les dons de d’autres, qui interagissent bien avec les femmes et les hommes de tous les âges et sont dévoués au service des pauvres.
Les jeunes pauvres ou victimes de discrimination – en particulier les migrants, les victimes de persécution religieuse et ceux qui luttent pour trouver un emploi – font l’objet d’une attention particulière au synode et dans le document final.
En fait, le synode a déclaré que «le monde des jeunes est également profondément marqué par l’expérience de la vulnérabilité, du handicap, de la maladie et de la douleur» et que les communautés catholiques n’ont pas toujours fait tout leur possible pour les accueillir et les assister.
Cindy Wooden
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